L’équipe de L’Optimisme aime à partir à la rencontre de ceux qui incarnent leurs métiers. Alors que bon nombre d’entre nous se souviennent de professeurs qui nous ont « traumatisés », il est important de mettre en avant le corps enseignant qui fait bouger les lignes. Rencontre avec Cathy, professeure d’anglais depuis 20 ans mais aussi coach diplômée accompagnant (entre autres) les parents.
Cathy, tu es, depuis 20 ans, professeur d’anglais dans un lycée : quels sont les grands changements que tu as pu percevoir au fil des années ?
Ce que j’observe, c’est la peur d’être soi-même. Des 2 côtés, élèves et enseignants, il y a cette peur d’être différent. Comme si tout le monde devait rentrer dans le même moule !
C’est d’autant plus difficile à vivre que la pression est de plus en forte et se diffuse dans et à l’extérieur de l’école.
Le niveau de stress chez les élèves est démesuré et n’est pas suffisamment pris au sérieux ou perçu par les adultes.
J’ajouterais que trop d’élèves semblent déjà fatalistes et se disent qu’il est normal de stresser !
Il est vraiment fondamental d’être attentif à nos adolescents. Si le bon stress est productif, non régulé, il est dangereux.
Tu commences tous tes cours par une méditation, depuis quand et pourquoi ?
Il y a 5 ans alors que je commençais à sentir les bienfaits de la méditation sur moi, j’ai naturellement proposé aux élèves de débuter chaque heure de cours avec 5 minutes de méditation guidée en anglais.
Vu le nombre de publications que j’avais lu sur les innombrables vertus de la méditation, je savais que cela aiderait mes élèves. Et c’est le cas : certains m’ont confié s’en servir le soir pour mieux dormir et respirer profondément avant un test.
Comment les élèves vivent cet instant ? Est-ce évident ?
Certains adhèrent rapidement car c’est une pause dans leur journée de dingue… D’autres rient, car il s’agit d’un exercice difficile quand on a 36 000 choses dans la tête et que le bruit est coutumier.
Quel est le retour des parents ?
En début d’année, quand je dis aux parents que je pratique la méditation avec leurs enfants, la plupart sourit d’approbation et ou de surprise. La majorité des mamans (elles sont majoritaires dans ces réunions) sont contentes car elles pratiquent déjà le yoga ou méditent elles-mêmes.
Il y a toujours quelque sceptiques qui pensent que la classe est pour les cours, le contenu. Je suis persuadée que rien ne rentre s’il n’y a pas de calme. Et la méditation permet de calmer, clarifier et se reconcentrer. Quoiqu’il arrive, je plante des graines : je sais que chacun pousse à son rythme et c’est OK.
Tu choisis des sujets plutôt décalés dans le programme, peux-tu nous donner des exemples ?
Le programme, par chance, est vaste et nous avons la liberté pédagogique. Je créé chaque fois une série de travaux qui répondent à une problématique et qui couvre 2 compétences.
Par exemple, nous venons de travailler sur Oscar Wilde et l’importance d’être constant. Les élèves ont étudié les thématiques de la pièce en groupe, ils ont produit un document accessible à tous pour comprendre les enjeux de la pièce. Ils se sont inter-évalués. Ils ont pu ainsi jouer leur rôle et cerise sur le gâteau, nous sommes allés voir la pièce à Hébertot.
Pour moi, c’est fondamental d’aimer ce que je transmets et d’ouvrir un maximum l’esprit à ces jeunes. Je leur dis que j’ai autant de choses à leur apprendre qu’eux de moi !
