Le mythe du don de soi
Les femmes ont souvent l’impression qu’elles doivent être celles qui arrangent les choses quand ça va mal, celles qui sont attentionnées envers l’autre même si elles doivent effacer leurs besoins à elles.
C’est très restrictif et cela nous empêchent de nous exprimer réellement. C’est bien connu, se choisir soi c’est égoïste. Alors :
- On se « sacrifie ».
- On « donne tout ».
- On « fait pour les autres ».
- Et on se retrouve vide comme une source tarie.
On ne peut pas remplir le verre des autres, si on se retrouve soi-même vide.
Le don de soi vraiment bénéfique aux autres, viable et durable, c’est de donner le trop plein, le superflu – pas le nécessaire, le vital pour soi.
En se choisissant soi, nous remplissons nos réserves d’amour, d’énergie, de pensées positives, de temps de qualité…et ainsi nous créons la capacité de donner l’excédent, la générosité, sans renoncement à soi, sans ressentiment une fois que l’on sera épuisée, vidée et amère de de rien recevoir en retour.
Ne jamais donner pour recevoir
Le don n’est pas réciproque, sinon c’est un marchandage, voire une manipulation, extorsion. Ainsi : ne jamais donner ce qui vous est vital, ce qui n’est pas de l’excédent.
Par exemple :
- S’inscrire sur la liste des volontaires pour une réunion syndicale ou de boulot en extra le soir, alors que vous n’êtes pas allé à votre cours de danse depuis 1 mois ! NON
- Proposer à votre copain de s’occuper à sa place de réserver les vacances, alors qu’il avait déjà proposé de le faire, et que vous aviez envie d’aller dormir tôt ce soir. NON (et puis lui il va vous prendre au mot – bah oui, il ne fallait pas proposer.)
- Appeler votre tante au téléphone pendant 2 heures sans oser raccrocher alors que vous avez du travail. NON (vous n’écoutez même pas tout ce qu’elle dit et allez la maudire après – alors que c’était à vous de dire « je dois raccrocher maintenant », car elle a tout son temps elle.)
- Aller marcher 20 minutes dans la nature et prendre un plat à emporter pour vos parents en visite ce soir. OUI (d’abord remplir son réservoir d’énergie et bien-être. Naturellement, l’envie de partager cette énergie viendra. Sans énergie négative et ambivalente associée. Quitte à faire attendre vos parents et ne pas être la parfaite maîtresse de maison… Ce qui est bien pour vous sera bénéfique pour tout le monde !)
Il n’est pas égoïste de se choisir soi. Cela permet de mieux choisir les autres ensuite. De mieux donner.
Il n’est pas (forcément) généreux de choisir les autres. Cela peut être une fuite de ses propres responsabilités, de sa propre vie, de prendre soin de soi, de choisir, de s’engager, de regarder ses propres difficultés.
Ne plus avoir besoin de choisir entre soir et les autres
Ne choisissez pas l’un ou l’autre. La féminité fait les deux. Oscille. Soi nourri l’autre, l’autre nourrit soi.
Secret numéro 1 : Les femmes ont besoin de se sentir bien pour faire les choses bien.
Les hommes (aspect masculin prédominant) eux, fonctionnent à l’opposé : « je fais les choses bien donc je me sens bien », et la société nous a formaté pour agir pareil. Compléter la « to-do list » entièrement avant de se reposer, s’occuper de tout et des autres avant de prendre du temps pour soi, les performances mises en avant comme recherche du bien-être.
Mais ce qui marche pour le masculin, ne marche pas pour le féminin. Nous avons besoin de nous sentir bien AVANT (afin) de pouvoir bien faire les choses.
Nous avons besoin d’être nourries, avant de nourrir les autres et le monde.
Pensez à l’image de la terre : elle reçoit l’eau, le soleil et les nutriments, puis produits en abondance. Pensez à la mère (humaine ou animale) : elle doit se nourrir pour pouvoir nourrir son bébé. Elle doit être sereine et en sécurité pour pouvoir apaiser et protéger son enfant. Vous avez du mal à être convaincues ?
Pensez-y : quand êtes-vous le plus susceptible de mettre une tenue un peu spéciale qui vous met très en valeur ? Quand vous vous sentez moche ou quand vous vous sentez belle ?
Et quand êtes-vous le plus susceptible de manger quelque chose de mauvais pour vous (trop gras, trop salé, sucré ou trop alcoolisé) ? Quand vous vous sentez bien, pleine d’énergie et de vitalité, ou quand vous avez un coup de mou, un peu le moral dans les chaussettes ? Le féminin fonctionne ainsi : je me sens bien, donc je fais ce qui est bien (pour moi et les autres).
Secret numéro 2 : Donnez-vous la permission de vous faire passer en premier
Les hommes, quand ils ont faim, mangent. Quand ils sont fatigués, vont se coucher. Quand ils ont besoin d’aller aux toilettes, ils y vont. Pendant que nous, on se retient d’aller faire pipi des heures pour finir de répondre à telle personne, on saute des repas car « on mangera plus tard », on reste éveillée pour finir « juste ce truc-là, et de ranger ça », on se refuse nos besoins les plus primaires !
Et pourtant, on passe son temps à se demander si on n’est pas égoïste, si on n’a pas froissé telle personne… Vous reconnaissez-vous dans les dires de ces femmes qui me parlent ?
« Mon mari rentre le soir, s’assoit et me dis « je me pose, je n’ai pas eu le temps de me poser ». Mais moi non plus, et pourtant je cours partout là ! »
« Le pro passait avant tout pour moi, avant même d’avoir une relation, alors prendre du temps perso, laisse tomber… »
Se choisir soi, c’est être plus disponible pour les autres ensuite, c’est avoir des relations de plus grande qualité, c’est avoir les idées claires, c’est être agréable au quotidien car remplie de bien-être et heureuse. Prendre du temps pour soi c’est être plus efficace et plus créative au boulot, les idées fusent, les problèmes sont rapidement résolus. Se choisir soi, c’est un bénéfice pour les autres sur le long terme, plutôt que sur le court terme. Mais avant tout, c’est un bénéfice pour soi-même, sur tous les termes : petit, moyen et long ! Et ça, ce n’est pas optionnel !
Se choisir soi c’est une chose que PERSONNE, vraiment personne, ne peut faire à votre place.
Une autorisation que vous seule pouvez vous donner, un temps que vous seule pouvez PRENDRE. Avec droit et fierté.
Petite introspection en douceur
Posez-vous les questions suivantes :
- Quand avez-vous vraiment pris du temps pour vous pour la dernière fois ?
- Qu’est -ce qui est difficile dans le fait de prendre du temps pour soi ? Pourquoi ?
- Quelle est une chose que vous pouvez faire pour vous aujourd’hui, que vous seule pouvez faire pour vous-même ?
Cela peut prendre 10 min, 1h, plus, mais au minimum 60 secondes entièrement pour vous, le temps d’une longue respiration les yeux fermés sans rien faire d’autre.
Bonus : Faites une chose que seule vous-même pouvez faire chaque jour.
Même 3 minutes (danser sur une chanson, 2 postures de yoga, quelques respirations profondes par le nez sans téléphone à côté, s’enduire de crème et passer une tenue de nuit sexy…)
L’abnégation ! Ce sacrifice de soi-même pour faire passer les besoins des autres avant ses propres besoins…c’est une situation que je rencontre souvent avec mes patient(e)s ! Et je les invite effectivement à faire des activités qui les ressources pour avoir l’énergie nécessaire pour prendre soin (d’elles et des autres)!