Les expériences de mort imminente fascinent autant qu’elles intriguent. Sonia Barkallah est l’auteure du livre « Et si cela vous arrivait ? » dont le but est de faire un état des lieux de ce que l’on sait aujourd’hui sur les expériences de mort imminente. Rencontre avec Sonia pour mieux comprendre ces expériences hors du commun.
Pouvez-vous nous parler de vous en quelques mots ?
Je suis réalisatrice, auteure, et initiatrice et organisatrice des Rencontres Internationales sur les Expériences de Mort imminentes (EMI) qui ont eu lieu en 2006 et 2013 dans le Sud de France. Ces rencontres ont réuni les plus grands experts internationaux et attiré un public de 2 000 personnes. Cela a été en France un point de départ pour relancer le débat et la recherche sur ce thème. Il y a eu un « avant » et un « après » ces rencontres, à la fois au niveau du public, car cela a délié les langues, et de la recherche. Les personnes se sont mises à davantage parler et témoigner de leurs expériences. Le sujet a été de plus en plus médiatisé.
Qu’est-ce qu’une EMI exactement ? Dans quels contextes cette expérience peut-elle survenir au cours de notre vie ?
Les premiers témoignages se sont faits dans un contexte où les personnes étaient proches de la mort (comme un coma, un arrêt cardiaque, suite à un accident). Pour certaines d’entre elles, ces personnes se sont retrouvées en état de mort clinique, c’est-à-dire que leur cœur s’était arrêté de battre.
Ces personnes ont ensuite rapporté des récits qui se caractérisent par des vécus très similaires : la sensation de se détacher de son corps, un immense bien-être, le fait de voir sa vie défiler en prenant conscience des actions « bonnes » et « mauvaises » faites au cours de sa vie, la possibilité de se déplacer par la pensée dans d’autres pièces et d’autres lieux, la perception d’un tunnel avec au bout une lumière irradiante d’amour inconditionnel, la rencontre avec des proches défunts qui leur ont dit que ce n’était pas leur heure et qu’elles devaient repartir.
D’autres personnes ont eu accès instantanément à une connaissance existentielle, par exemple la création de l’univers. Il est important de préciser que nous savons depuis une quarantaine d’années (grâce aux études et témoignages) que nous pouvons vivre une telle expérience sans obligatoirement frôler la mort, par exemple en médiation, lors d’une relation sexuelle, ou tout simplement en cueillant des fleurs….
Pourquoi avez-vous décidé de consacrer votre vie, par vos livres et vos documentaires, à ce mystérieux sujet des EMI ?
Ce sont les témoignages d’EMI qui m’ont arrachés de la dépression et qui m’ont dissuadée de mettre fin à mes jours. Touchée par l’authenticité et la sincérité des « experiencers » (c’est ainsi qu’on nomme les personnes qui ont vécu une EMI), et comprenant l’impact thérapeutique que peuvent avoir ces récits auprès de celles et ceux qui les entendent, j’ai trouvé un sens à m’investir dans la recherche et à transmettre ces expériences à travers un film documentaire, l’organisation de colloques, l’éditions de livres, et des conférences.
Le concept le plus important qui est véhiculé dans les récits, et qui me touche profondément, est « le bilan de vie ». Cette possibilité de comprendre que ce que l’on fait aux autres on le fait à soi-même pourrait améliorer considérablement notre société.
Que nous dit aujourd’hui la science par rapport aux EMI ? En sait-on plus de nos jours ?
Contrairement à plusieurs décennies en arrière, les témoignages sont aujourd’hui davantage pris au sérieux. Même les scientifiques les plus réfractaires reconnaissent que cette expérience peut transformer les personnes de manière radicale, même si aucune explication scientifique rationnelle n’est encore proposée.
Les spécialistes quant à eux posent l’hypothèse de la « non-localité » de notre conscience. Celle-ci pourrait fonctionner indépendamment de notre cerveau, c’est-à-dire que nous pourrions continuer d’être conscients même lorsque notre cerveau, notre cœur et notre corps sont « hors service ».
Quelles transformations personnelles avez-vous observé chez ceux qui vivent cette expérience ?
Cette expérience transforme les personnes de manière profonde. Leur échelle de valeurs est modifiée. Leurs priorités changent. Elles sont davantage animées par la volonté d’aider autrui (que ce soit en s’engageant dans l’humanitaire et la solidarité, ou en étant thérapeute, guérisseur ou magnétiseur) que par une course à la réussite sociale, à la compétition, à la possession matérielle.
Elles sont aussi plus respectueuses de la nature, de l’environnement, et des relations humaines, même s’il leur faudra souvent des années avant d’intégrer pleinement et sereinement cette expérience. Car quand on a connecté une puissance d’amour que l’on n’a jamais connu sur la Terre, on se sent en décalage.
Quels sont les grands messages qui vous tiennent à cœur de partager à travers votre travail sur les EMI ?
Ce que je souhaite partager à travers mon travail, ce sont les trois messages essentiels des EMI :
- Ne plus avoir peur de la mort, car lorsqu’on n’a plus peur de la mort, on ne craint plus la vie ;
- Que nous sommes tous reliés les uns avec les autres, et que ce que l’on fait aux autres, on le fait à soi-même ;
- Apprendre à aimer de manière inconditionnelle. C’est le plus important dans la vie.