Le World Happiness Report : le bonheur en barres…
… et aussi en camemberts, et en cartes, bref, en représentations graphiques. Le WHR de son petit nom est une étude commandée par l’Organisation des Nations Unies pour quantifier le bonheur à l’échelle mondiale. Traduit dans la langue de Molière, son nom donne en effet « Rapport sur le Bonheur Mondial ».
2016 : la quatrième édition
L’édition 2016 a été publiée peu avant le 20 Mars, journée définie par l’ONU comme la Journée Mondiale du Bonheur. Initiative récente, cette Journée est définie par les Nations Unies comme une réponse au besoin du monde d’un nouveau paradigme économique qui reconnaît la parité entre les trois piliers du développement durable. Les bien-être social, économique et environnemental sont indissociables. Ensemble, ils définissent le bonheur brut mondial.
En un mot, pour l’ONU, le bonheur, c’est du sérieux. Ces recherches ont pour but d’assister les gouvernements, communautés, institutions dans la création de politiques économiques qui profitent à tous. Le premier WHR date de 2012, suivi d’une édition 2013, 2015 et 2016.
Un peu de méthodologie
Cartographier le bonheur est un exercice difficile. Pour élaborer leurs cartes et graphiques, les Nations Unies ont décidé de six critères, notés sur 10, pour aboutir à une note moyenne. Sont pris en compte des critères purement objectifs (PIB par habitant, espérance de vie, sécurité sociale) et d’autres plus subjectifs (liberté de choix, générosité, perception de la corruption des institutions).
Les pays du Nord au septième ciel, la France à la traîne
Les résultats de l’édition 2016 nous offre un top 5 des pays heureux pour le moins… enneigés. La Suisse, qui se classe deuxième, est la seule intruse d’un classement très nordique, avec dans l’ordre le Danemark, l’Islande, la Norvège et la Finlande.
Globalement, les pays développés dominent ce classement. L’argent ne fait certes pas le bonheur, mais il aide : un état aux poches profondes offre à ses habitants une qualité de vie, un accès au soin, des infrastructures publiques qui contribuent à rendre la vie plus simple.
Du haut de sa 32e place, la France est à la traîne par rapport aux autres pays de l’Union européenne. Le cliché du Français râleur se trouve-t-il conforté par cette étude ? Ou doit-on y voir trace du marasme économique et politique dans lequel notre pays est plongé ?
Le bas du classement : misère et violence
L’édition 2016 porte sur 157 pays. Sans surprise, ce sont des régions engouffrées dans la spirale de la violence et de la guerre qui occupent la queue du peloton.
L’Afghanistan pointe ainsi à la 154e place. La Syrie, plongée dans une guerre dramatique, est 156e. Le Burundi ferme la marche à la 157e place.
« La démocratie est le pire des régimes – à l’exception de tous les autres »
La citation est de Churchill. Et le WHR confirme l’intuition du truculent premier ministre britannique. Les démocraties figurent bien dans ce classement, alors que les dictatures sont nettement plus à la traîne.
Une piste d’explication tient peut-être dans le rôle de l’État. Alors qu’une démocratie cherchera (en théorie, parce que bon…) à servir l’intérêt du plus grand nombre, une dictature pour sa part ne cherchera qu’à servir l’intérêt du pouvoir en place et de sa clientèle.
Des pages par centaines !
Le lecteur anglophone pourra se lancer à corps perdu dans ce rapport de plusieurs centaines de pages, où les graphiques côtoient les équations mathématiques, et où la méthodologie et l’état de la recherche dans de nombreux secteurs sont abordés en profondeur.
Le classement des pays n’est qu’une petite facette d’un rapport qui traite en détail de nombreuses questions.
Un chapitre est par exemple consacré à la corrélation entre bonheur et enfants. Ses conclusions ne militent pas en faveur de nos petites têtes blondes : il met à jour une corrélation négative entre le bonheur et le fait d’avoir des enfants. Les explications sont en partie froidement économiques. Dans un pays développé, le temps, c’est de l’argent. Dans une économie en voie de développement, si le chômage est répandu, un enfant est une responsabilité difficile à assumer. Ne perdons toutefois pas espoir dans la jeunesse ! Il semble en effet que ce triste constat s’inverse avec l’âge (et le veuvage, mais ça c’est moins réjouissant).
Bonheur National Brut
Au final, que retenir de ce rapport ? Plus que le classement, les recherches et les équations, c’est vers l’évolution de la pensée qu’il faut se tourner. Le bonheur compte. Il peut, il doit devenir un critère pour élaborer des politiques, du niveau le plus local au niveau le plus global.
Nous n’en sommes pas encore à l’internationalisation du concept de Bonheur National Brut mis en place par le Bhoutan (et qui lui réussit moyennement, le pays figure à la 84e place de notre classement, et doit faire face à des soucis très pressants d’endettement, de chômage et de corruption).
Mais le bien-être subjectif dépasse enfin son statut de sujet d’étude pour trouver des implications dans la vraie vie, au service de l’intérêt général.
Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver l’article sur la difficulté de cartographier le bonheur ! Essayez simplement de dire « how happy are you? » dans toutes les langues 😉
Quels sont les pays où on vit le plus heureux en 2016 ? Rapport de l'ONU
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