Les idées fausses sur la santé mentale entretiennent des ambiguïtés et des clichés qui peuvent avoir des conséquences concrètes dans nos vies. Ils cultivent la peur d’être jugé en cas de troubles psychiques, freinent les demandes d’aide et l’accès au soin ou encore stigmatisent ceux qui souffrent d’un problème de santé mentale. C’est pourquoi, il nous semble important de pouvoir en discuter aussi souvent que possible, lorsque nous les entendons dans notre entourage, pour les empêcher de circuler, pouvoir les nuancer et avoir des représentations plus réalistes.
Dans cet article, nous vous proposons 4 idées fausses qui sont souvent véhiculées et qui tendent à banaliser ou invisibiliser les troubles psychiques. Les 3 premières sont des extraits de l’ouvrage rédigé sous la direction d’Astrid Chevance « En finir avec les idées fausses sur la psychiatrie et la santé mentale. » (Les éditions de l’Atelier). Vous y trouverez quelques arguments à ajouter dans vos discussions lorsque vous les entendrez autour de vous pour faire réfléchir votre entourage sur leurs croyances.
1# « Les troubles psychiques ne sont pas de vraies maladies. »
==> Le problème de cette idée est qu’elle revient à faire porter sur les personnes qui souffrent de troubles psychiques la suspicion qu’elles seraient responsables de leur trouble. (« Tu n’as qu’à te bouger un peu ! Fais un petit effort ! etc. »)
==> Il existe de nombreuses positions différentes pour définir ce qu’est une « maladie » ainsi que des définitions diverses. Une définition modérée et intéressante de la maladie est celle de Claude Bernard : « Tout ce qui est compatible avec la vie est la santé ; tout ce qui est incompatible avec la durée de la vie et fait souffrir est maladie. »
==> Penser que les troubles psychiques ne sont pas de vraies maladies, c’est dénier à la médecine la légitimité de soigner, au handicap d’être compensé par des mesures sociales etc.
2# « De nos jours on est traumatisé pour rien.»
==> Les traumatismes psychiques sont de véritables blessures, souvent cachées, qui nécessitent des soins.
==> Le terme de traumatisme désigne l’effet sur le psychisme que peuvent avoir certains faits lorsqu’ils nous confrontent brutalement à notre propre mort, au fait de ne plus être, au néant.
==> Si au cours de la vie près de deux tiers de la population vivent au moins une fois un tel évènement, le traumatisme n’est pourtant pas automatique et ne concerne qu’une partie de la population impactée.
==> En mettant sur le même plan des situations qui ne sont pas toutes des traumatismes psychiques, cette idée reçue risque de détourner des soins des personnes gravement affectées et qui pourraient bénéficier de soins efficaces.
3# « C’est normal d’être déprimé.e quand on est vieux.eille. »
==> Les troubles psychiques n’épargnent pas les âges extrêmes de la vie, que ce soient les enfants ou les personnes âgées mais vieillir n’implique pas forcément de tomber en dépression.
==> Croire que déprimer est normal à partir d’un certain âge, c’est enfermer les personnes dans un trouble qui pourtant se soigne.
==> Puisque le vieillissement est souvent réduit à la diminution des performances physiques et cognitives, les souffrances psychiques sont souvent lues non pas comme les manifestations d’un trouble psychique potentiel mais comme les réactions normales du déclin, c’est-à-dire comme une fatalité.
==> Devant des changements de comportement d’une personne qui vieillit, il faut se poser la question d’un trouble psychique et solliciter les professionnels de santé.
4# « Dans le monde dans lequel on vit, tout le monde a un trouble anxieux. »
==> De manière générale, lorsque nous disons « tout le monde » nous ne désignons personne et nous minimisons la souffrance de ceux qui vivent avec des troubles psychiques.
==> S’il est vrai que chacun d’entre nous traverse des moments d’anxiété au cours de sa vie, il est faux d’affirmer que tout le monde a un trouble anxieux.
==> Il existe de nombreux troubles anxieux différents allant des troubles légers jusqu’aux troubles paniques ou l’agoraphobie, par exemple, qui peuvent causer des véritables handicaps pour les personnes qui les vivent.
==> Le niveau de détresse, les manifestations des symptômes sont très variés d’une personne à une autre.