Coline Care est une initiative innovante qui a vocation à rapprocher le monde de l’entreprise avec les patients atteints de maladies chroniques afin de sensibiliser et d’accompagner les collaborateurs qui sont directement ou indirectement concernés par l’une de ces pathologies. Leur objectif premier est d’améliorer la santé au travail grâce au pouvoir du vécu de pair-aidants, ceux qui sont passés par la maladie et qui proposent d’aider à travers leur expérience de vie. Nous avons rencontré Mathilde, l’une des co-fondatrices qui nous en dit plus sur les intentions, l’esprit et le fonctionnement de Coline.
Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en quelques mots ?
Je suis Mathilde, j’ai 33 ans. J’ai travaillé plusieurs années dans le marketing. Ma plus longue expérience a été dans le dentaire et dans l’industrie pharmaceutique, entre Paris et Tours. Cela m’a permis de faire beaucoup de voyages, ce qui était très chouette. Fin 2016, j’ai déclaré une maladie chronique. J’ai eu un arrêt maladie de 3 mois et le retour au travail a été très difficile. Je sentais que mes collègues n’étaient pas à l’aise avec le sujet. Mon entreprise était bienveillante mais j’ai réalisé que de nombreuses entreprises ne sont pas suffisamment formées sur les thématiques de la santé au travail et en particulier celui des maladies chroniques.
Cela a été le point de départ de Coline ?
Oui, à partir de mon expérience personnelle avec la maladie chronique, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de Coline avec mon meilleur ami, Jonathan qui a un parcours dans le marketing digital et travaillait chez Petit Bateau en tant que e-commerce manager. Dans mon parcours, j’ai eu de la chance : j’ai eu de bons médecins, une famille pour m’entourer dans le cadre de ma maladie. En revanche, cela m’a manqué de pouvoir en parler à quelqu’un qui comprenne vraiment ce que je vivais. Au démarrage, Coline était un « side project » mais nous y consacrons tout notre temps car le sujet est important : 15% des actifs ont une maladie chronique, 15% sont aidants. Cela concerne beaucoup de salariés !
Peux-tu nous en dire plus sur Coline ? Comment cela fonctionne ?
Notre mission est de rompre l’isolement des collaborateurs qui sont confrontés à la maladie ainsi que celui de leurs proches. Nous avons pour cela 3 grands volets :
- Une plateforme de patients partenaires: nous mettons en relation des patients partenaires avec des collaborateurs, c’est confidentiel. Nous avons un répertoire de 50 patients partenaires qui accompagnent les collaborateurs dans leur maladie que ce soit pour de l’endométriose, une sclérose en plaques, un burn-out, une addiction. L’idée est que le collaborateur se sente moins seul grâce à ce partage d’expériences autour de la maladie. Les séances avec les patients partenaires durent 30 minutes.
- Des interventions dans les entreprises: des conférences ou des formations autour de la santé au travail. Comment accompagner un collaborateur qui est en arrêt maladie ? Nous souhaitons montrer que la maladie est une source d’apprentissage, qu’elle peut apporter des compétences. Nous essayons d’être optimiste et positif dans notre approche. Cette année, je me suis d’ailleurs formée à la Faculté de Médecine de Tours à un DU Éducation Thérapeutique du patient, ce qui m’a permis d’acquérir des techniques d’intervention dans les entreprises.
- Du contenu qui réconcilie santé et travail. Nous proposons des masterclass, des podcasts, des articles pour parler des maladies chroniques au travail.
Notre objectif premier est de mettre le patient partenaire au cœur de la solution.
Peux-tu nous expliquer ce qu'est la pair-aidance exactement ?
Pour moi, la pair-aidance, c’est un échange entre personnes qui ont la même pathologie. On est sur le savoir expérientiel pour partager son expérience, son vécu. Des études études ont montré que la pair-aidance favorise l’autonomisation du patient, cela donne de l’espoir. C’est déjà très développé dans les pays anglo-saxons.
La pair-aidance en France n’est pas encore professionnalisée alors qu’elle l’est déjà dans les pays anglo-saxons. L’un des objectifs de Coline est de développer la pair-aidance et de contribuer à sa professionnalisation. Les pair-aidants de Coline sont formés et rémunérés. C’est un échange mutuel, une entraide entre personnes ayant un vécu similaire.
Il y a plein de noms pour parler de pair-aidance : les patients experts, les patients partenaires, les patients ressources. Il y a des nuances sur les termes. Nous nous avons choisi le terme de « patients partenaires ».
Le patient de Coline n’a pas vocation à remplacer le médecin, c’est un accompagnement complémentaire.
Pourquoi avoir choisi le nom de "Coline Care"
Coline est un prénom qui veut dire « victoire du peuple ». On voulait aussi que ce soit un prénom. Il n’y a pas d’algorithme: ce sont des humains qui parlent à d’autres humains. Coline évoque aussi les hauts et les bas de la vie ainsi qu’un refuge quand on fait de la randonnée. Cela s’imbrique dans le parcours, c’est quelque chose qui vient en plus.
On a choisi « Care » car on est dans le prendre soin (de soi et des autres).
Quelle est la valeur ajoutée de Coline Care ?
La valeur ajoutée de Coline par rapport à une association de patients est que l’association de patients est plutôt regroupée par pathologie. La différence c’est que nous ciblons toutes les pathologies, ce qui peut venir en complément d’une association patients. Nous sommes là autant pour les patients que pour les aidants.