Le féminisme est un sujet que nous avons rarement abordé sur loptimsime.com. Catherine, la co-fondatrice du site nous explique pourquoi.
Féminisme : d’où je partais
Il est dur de l’avouer aujourd’hui, mais j’ai longtemps prôné mon ‘anti-féminisme’.
« Parler de féminisme, c’est déjà faire une distinction. Moi, je ne suis pas contre les hommes, j’ai trop besoin d’eux ! Et puis, nanas ou mecs, on a tous un cerveau et une capacité de réflexion. Et puis, perso, je n’ai jamais été discriminée ! ».
Voilà, à peu de choses près, le discours que je tenais. Et c’est vrai. Il y a encore trois ans, j’étais convaincue de ne jamais avoir été discriminée. J’ai toujours eu des modèles masculins de vraie égalité. Mon père a toujours aimé faire les courses : ma mère détestant ça, j’ai grandi dans une vraie répartition des tâches. Dans le monde professionnel, j’ai eu la chance de travailler avec des hommes brillants qui considéraient avant tout mon cerveau. De même dans la vie personnelle : mes mecs et mes amis masculins plus généralement ont toujours été (et sont) de fins cuisiniers (meilleurs que moi). C’est donc de là que je partais : d’une belle et noble vision de l’homme avec une totale équité intellectuelle et émotionnelle.
A l’opposé, quelques rencontres avec des féministes endurcies m’avaient heurtées. Pour elles, les hommes étaient leurs ennemis et « impossible de marcher dans la rue sans qu’on nous parle et qu’on viole ainsi notre périmètre ». En soit, c’est vrai. Je ne compte pas le nombre de personnes qui m’adressent la parole (souvent de façon gentille pour me remercier de sourire !). Mais ayant vécu à Barcelone où l’épicier du coin m’appelait Guapa (ma jolie), ma gardienne d’immeuble m’appelant « ma chérie », et aimant globalement papoter, j’ai toujours trouvé ça plutôt sympa. Peut-être que je ne vois pas le mal et que ça adoucit les propos même si, comme tout le monde, j’ai compté un paquet de mecs relous aussitôt oubliés.
Voilà d’où je partais.
Féminisme : la sensibilisation
Je connaissais Marie Eloy de son action chez Femme de Bretagne. Alors que je suis normande, ce réseau a été le premier à me soutenir en 2016 ! Ce fût d’ailleurs la première fois que j’entendais parler de sororité mais je n’avais pas noté tant ce n’était pas mon sujet.
Marie a ensuite fondé « bouge ta boite ». Je me rappelle la croiser à un diner et lui dire «j’ai de la chance je n’ai jamais fait face à de la discrimination dans l’entrepreneuriat».
En réalité, si j’avais ouvert les yeux à ce moment précis, je me serais rendu compte que la table était largement masculine : les fondateurs de blablacar, du slip Francais, de 1083, de Michel et Augustin et d’autres entrepreneurs hommes et une large minorité de femmes.
Non sensibilisée au sujet, je n’avais tout simplement pas remarqué ma chance que d’être là. Si j’étais présente, c’est que je ne faisais pas face à de la discrimination, mais qu’en était-il des autres ? Pourquoi étions-nous si peu nombreuses à table ?
Petit à petit, j’ai commencé à remarquer qu’en plus, je me faisais le relai de ce déséquilibre. Peut-être ces détails vous paraitront anodins, mais c’est leur somme qui marque une société.
– Dans mon premier livre « Osez l’Optimisme »: pas une citation de femme !! Sans m’en rendre compte, je n’ai cité que des hommes.
– Dans les événements que j’organisais, j’avais bien remarqué ma tendance à inviter des hommes à prendre la parole mais « je n’y peux rien, les filles ne veulent pas venir et je n’arrive pas à les identifier ! ».
– Idem quand on me demandait des recommandations de livres ou de personnalités à suivre : toujours des hommes.
N’ayant jamais été en faveur de « la fausse parité », je m’arrêtais au constat : c’est ainsi. Et puis « hommes ou femmes, peu importe tant qu’on a un message à passer ».
Féminisme : manque de figures modèles
Souvent on m’a posé la question : qui sont les femmes qui t’inspirent ? Souvent j’ai séché. D’ailleurs, quand cette question est posée dans différents sondages « Oprah Winfray » ou « Michèle Obama » reviennent : je ne peux pas dire que leur quotidien ressemble au mien !
C’est seulement récemment que j’ai réussi à ajouter quelques femmes à la liste impressionnante d’hommes qui m’inspirent !
Raphaëlle Duchemin, Laila Hamdouni, Christel de Foucault, Patricia Wendling : des femmes portant de belles causes.
En réalité jusqu’à leur rencontre je ne trouvais pas de rôle modèle féminin.
J’étais trop éloignée de l’entrepreneuriat au féminin tel que produit par le marketing des startups. Ce que je cherchais, c’était des femmes de terrain engagées. Or les femmes d’action sur le terrain refusent souvent les prises de paroles (syndrome de l’imposteur, manque de temps, impression qu’il reste encore trop à faire, etc…).
Prendre la parole pour représenter l’entrepreneuriat au féminin
J’étais d’ailleurs la première à refuser de prendre la parole par manque de temps. Depuis que je suis sensible à la cause, je tente d’intervenir d’avantage sur ce sujet notamment au sein de réseaux comme Bouge ta boite. Loin des paillettes, il me semble indispensable de témoigner de la réalité du terrain. Évidemment, il n’y aura jamais aucun militantisme de ma part : vu là d’où je pars, cela serait malvenu ! 😉
Et si j’avais un message aujourd’hui : plutôt que chercher à créer une pseudo-égalité qui fait bien sur le papier, je vous invite simplement à observer vos biais, à découvrir les chiffres hallucinants (saviez-vous que plus de 66% des femmes entrepreneures se payent moins de 1500€ par mois sans le chômage derrière…) et à soutenir les femmes de vos réseaux en les mettant en lumière et en leur indiquant combien leur témoignage est précieux !
Pour celles et ceux qui le souhaitent : rendez-vous en ligne avec le réseau Bouge ta boite le 21 juin à 14h justement avec Raphaëlle Duchemin qui fait partie de mes rôles modèle !