Quand notre équipe a atterri en Polynésie française, aucun d’entre nous ne soupçonnait la richesse des rencontres que nous allions y faire. Pendant 3 semaines nous nous sommes laissés aller à la sérendipité des rencontres. Cyril fait partie des acteurs engagés qui agissent au quotidien pour le développement durable à Tahiti.
Cyril, peux tu te présenter en quelques mots ?
Je vis en Polynésie française depuis mars 2001 et je suis responsable QSE chez Cegelec, une entreprise du bâtiment. QSE signifie « qualité sécurité environnement », j’ai toujours travaillé dans ce domaine et la notion de RSE (responsabilité sociale des entreprises) a toujours été présente pour moi et au travers de l’implication du personnel et des valeurs de l’entreprise.
Tu es le président du Club EPER, peux-tu nous en parler ?
Il s’agit d’un club d’entreprises engagées en Polynésie Françaises en matière de développement durable. Le projet a été initié par l’ADEME locale et par la chambre de commerce. Notre territoire composé d’une centaine d’îles est particulier et fait face à des défis de structuration qui n’existent pas forcément en métropole. Nous travaillons main dans la main avec l’Etat et le pays pour faire avancer les pratiques ici. Aujourd’hui, nous sommes 17 entreprises représentant les 5 secteurs d’activités.
Que signifie pour toi être engagé en matière de développement durable ?
On confond souvent développement durable et environnement. Le développement durable est la combinaison des 3 piliers : économique, environnemental et sociétal. Pour moi, cela implique que chaque fois qu’on prend une décision, de l’action la plus simple au projet le plus complexe on s’interroge quant au bénéfice pour chacun des pilier. Si il y a un bénéfice pour chacun des piliers, il s’agit d’une bonne décision. J’aimerais faire comprendre que l’environnement, le social et l’économie ne sont pas incompatibles, au contraire !
On a tendance à penser que faire attention à l’enjeu environnemental est coûteux pour l’entreprise qui n’y trouve pas d’intérêt…
C’est là qu’il faut revoir sa façon de penser. D’une, dans un territoire comme le notre, dans lequel nous vivons au plus proche de la nature, nous n’avons d’autre choix que d’y être sensible. De deux, si on a une vision globale de l’entreprise on se rend compte que s’engager peut être une stratégie gagnante. Les chefs d’entreprises commencent à prendre conscience que l’environnement n’est pas seulement un coût et un concept écolo, c’est aussi des gains, directs (le déchet que je ne ne produits pas est le plus économique par exemple !) et indirects (les salariés sont fiers de travailler au sein d’une entreprise engagée !)
Les engagements dans le domaine sont-ils valorisés en Polynésie française ?
On commence à parler « d’achats responsables » dans les marchés publics par exemple. Mais globalement les entreprises engagées au niveau sociétal ou environnemental sont très peu valorisées vis a vis des clients. Plus qu’avant mais moins que demain. Dans un contexte économique cela me parait un élément fondamental, une grosse partie des règles du jeu est dans les mains des clients, pour cette raison il faut que les clients soient de plus en plus exigeants ! Plus le consommateur sera exigent en matière de durée de vie d’un produit, de sécurité des salariés, plus les entreprises vont s’engager.
Tu évoques souvent le cycle de vie d’un produit, que faire pour l’améliorer ?
Il faut penser le produit de sa conception à sa destruction, surtout dans un contexte îlien. Cela concerne tous les produits, du bidon de shampoing aux bâtiments que nous construisons. Pourtant, combien sommes-nous aujourd’hui à nous poser la question en achetant un stylo de ce qu’il deviendra dans 6 mois ? Il sera un déchet à traiter. L’amélioration passe par le consommateur qui peut manifester son intérêt pour des produits mieux conçus, par le fabriquant qui se doit d’améliorer ses processus de fabrication, par les salariés qui peuvent proposer des initiatives, etc… N’oublions pas qu’un salarié est aussi un citoyen et un consommateur, il peut s’engager à tous les niveaux !
Au niveau du pays, il manque encore des liens et des synergies entre les acteurs privés et les acteurs publiques. Beaucoup de choses sont faites individuellement au niveau des entreprises, beaucoup initiatives sont engagées au niveau de l’Etat et du pays. Il faut penser global.
Encore un grand merci à Cyril pour son engagement. Vous pouvez retrouver toutes les informations du ce Club développement durable à Tahiti sur le site de l’EPER.
1 commentaire
Laisser un commentaireOne Ping
Pingback:Olivier Kressmann, le digital pour faire bouger les lignes dans les îles - L'Optimisme