A la « Chèvre qui rit » (l’équipe adore le nom !), une ferme biologique au milieu du Gers, à Saint-Christaud, Marie Duffo a cru à une blague lorsque je l’ai contactée pour discuter chèvres et musique. D’ailleurs, ce sont ses chèvres qui m’ont d’abord répondu par mail : « c’est rigolo que l’Optimisme nous contacte, nous, des chèvres élevées en plein air, en plein Gers et toujours avec la banane. »
Amoureuse des chèvres, j’ai découvert par hasard que certains éleveurs, très à l’écoute de leurs animaux, ont des rituels originaux pour produire un fromage bio hors norme. Leur faire écouter de la musique classique, par exemple, serait un très bon moyen d’apaiser les esprits chez les caprins.
Les chèvres de Marie n’ont pas seulement la chance d’entendre de belles symphonies, elles sont aussi élevées dans une profonde bienveillance…d’où un lait de grande qualité, excellent à consommer !
La paysanne qui murmurait à l’oreille des chèvres…
Au bout du fil, je découvre une éleveuse pleine d’humour, passionnée, aux petits soins pour ses bêtes. Marie Duffo n’hésite pas à me confier tout ce qu’elle met en œuvre pour que ses chèvres gardent le moral.
« J’apporte toute mon attention à ce qu’elles me donnent le lait. Ce n’est pas moi qui tire le lait, ce sont elles qui me le donnent. » m’explique Marie qui n’impose jamais rien à ses petites protégées. Chaque jour, elle les écoute très attentivement et les chèvres lui répondent. « Je suis très réceptive à ce qu’elles me disent. »
C’est une véritable relation d’amour qui se tisse entre Marie et ses animaux. Je ne suis pas étonnée qu’elle me cite, au gré de notre conversation, cette phrase de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
« Je suis paysanne » insiste-t-elle ! C’est un « métier passion » dont elle est fière car il requiert une grande adaptabilité (au système, aux lois, aux animaux, à la nature…). Toutes les chèvres ont un prénom auquel elles répondent. Marie ne crie jamais devant elles. Les visiteurs sont étonnés de la sérénité des caprins quand ils visitent la ferme. Comment fait-elle ? Pour répondre à cette question, Marie nous invite à ouvrir nos sens et notre cœur car c’est la « base de son travail » affirme-t-elle.
Les chèvres de Marie écoutent France Musique et sont soignées aux fleurs de Bach
Avec l’expérience, Marie constate que les chèvres sont sensibles aux vibrations du son. « Je leur faisais écouter une radio d’informations et je les sentais énervées, excitées. » Intriguée par les travaux d’Emoto Masaru (un scientifique japonais qui a étudié les effets des énergies sonores sur l’eau), Marie teste différents types de musique sur leur comportement. « La musique classique les éveille et les détend. Je le remarque surtout au moment des mises bas. »
Marie réveille ses biquettes avec du Vivaldi ou du Bach. « Bonjour, les filles ! » s’enthousiasme-t-elle chaque matin, en allumant la radio sur France Musique. Les chèvres ont pris le rythme. Elle savent que la journée se termine quand leur maîtresse éteint le son.
L’éleveuse ne se contente pas de musique. Elle soigne ses animaux à l’aide de méthodes thérapeutiques naturelles telles que les fleurs de Bach. Elle est également adepte des techniques qui impliquent le toucher : elle utilise shiatsu et ostéopathie pour traiter leurs maux.
Chèvres, instant présent, vibrations et intuition
Pour Marie, les animaux vivent dans l’instant présent. Ils sont ici et maintenant, dans un état de bonheur et d’amour pur. Cela ne les empêche pas de ressentir de vives émotions si un des leurs meurt tragiquement. Une chèvre de la ferme est tristement morte de chagrin à la suite du décès d’un des boucs.
Si jamais l’une de ses chèvres présentent des signes de détresse, l’éleveuse regorge de bienveillance à son égard. Elle souligne également l’indulgence dont les chèvres font preuve entre elles, faisant écho à cet état d’amour, difficilement explicable par les mots : « Même si elles se chamaillent parfois, il n’y a pas de rancune. Lorsque ce qui doit être dit est dit, on passe à autre chose. »
Marie parle en termes d’énergie et de vibrations. « Quand on sait que les graines ne germent que si elles entendent la vibration d’un chant d’oiseau, je me dis que les chèvres qui entendent de la musique, cela va avoir une incidence sur le tout. »
La chèvre est un animal qui fait attention aux sentiments. Si leur maîtresse est triste, le troupeau en est affecté.
L’intérêt de Marie pour la communication animale
Je suis émue lorsqu’elle me raconte une séance avec des abeilles. « En communication intuitive, on s’ancre, on se met en état de méditation, à la même vibration que l’animal et on discute avec lui. Soit on va le ressentir physiquement, soit on va le visualiser…Il y a plusieurs canaux. Il faut éteindre le mental. Durant cette séance, on a dit aux abeilles qu’on était inquiet pour elles et elles nous ont répondu qu’elles étaient inquiètes pour nous, les humains. » A méditer.
Le mot de la fin…
Comme Marie Duffo, il y a des millions de gens qui, à leur échelle, agissent chaque jour en faveur de la nature, du beau et de l’amour. Ils ne sont que trop rarement mis en lumière. Le témoignage de Marie, ex-comptable devenue paysanne, est un bel exemple d’inspiration. Si vous passez à Saint-Christaud dans le Gers, n’hésitez pas à faire une halte à la « Chèvre qui rit ». Nul doute qu’on vous y accueillera avec le sourire et beaucoup de chaleur.
A lire aussi: les plus belles pensées de Pierre Rabhi
Propos recueillis par Eva Mazur