L’équipe de l’optimisme suit depuis déjà de nombreux mois l’aventure de Charline van Snick, jodoka belge. Médaillée aux jeux olympiques de Londres en 2012, cette athlète partage son parcours de sportive de compétition en compétition sur les réseaux sociaux. De la découverte de l’envers du décor du monde sportif aux émotions vécu par les athlètes, suivre Charline van Snick vous fait plonger au cœur de la réalité des sportifs de haut niveau. En 2021, elle participe aux JO 2021 de Tokyo et ses textes remplis d’authenticité et de résilience doivent être largement partagés !
Charline Van Snick répond avec douceur aux journalistes
« Au vu du traitement médiatique des pleurs des champion.ne.s, de certaines réflexions entendues, « iel la mérite tellement sa médaille » ou à l’inverse « iel ne méritait pas ça », de la pression qui pèse sur les épaules des athlètes, il me semble important de partager un peu, ma vision de la face cachée de l’iceberg.
Les Jeux Olympiques, ce sont des années de sacrifices. Pas juste 4 ans. Les sportifs.ves de haut niveau dédient leur vie à l’accomplissement d’un rêve, en total abnégation. Ce rêve est grand, le prix est grand. Derrière la journée de compétition, derrière ces quelques minutes de combat, de course, de pratique, il y a tout un staff d’êtres humains qui travaillent comme des acharnés.
Ce sont des heures d’entrainement physique, technique, tactique. Ce sont des litres de sueurs versées. Ce sont des heures de soins pour entretenir le corps. Ce sont des heures d’analyse, de réflexion, de prise de décision. Ce sont des heures de préparation mentale, de visualisation, d’apprentissage des émotions.
Pour certains sports, ce sont des régimes, plus ou moins draconiens que tu imposes à ton corps. Une hygiène de vie millimétrée : faisant attention à l’alimentation, le sommeil, la récupération etc.
Ce sont aussi des sacrifices de vie sociale, des événements familiaux que tu manques, des anniversaires, des naissances, des enterrements, des moments forts dans la vie de tes proches dont tu es absent. Ce sont aussi les moments quotidiens, comme des sorties entre amis sur lesquels tu dois faire une croix parce que la fatigue tu peux la payer cher.
Ce sont des choix de vie qui t’impactent toi mais aussi les gens qui t’entourent. C’est toute une équipe de professionnel.le.s, la famille, les amis qui s’investissent.
Ce sont des obstacles à franchir, des instances qui t’empêchent d’avancer contre qui tu dois lutter, des opérations à endurer, des blessures à guérir, des dépressions à surmonter. Ce sont aussi trop souvent des violences à endurer, physiques, psychologiques et sexuelles.
C’est aussi de la pression, parfois familiale, médiatique et/ou des sponsors, les attentes peuvent être élevées, nous devons arriver à les gérer. C’est aussi, pour certain.e, un manque de reconnaissance du travail inaccompli, des sentiments d’injustice. Ce sont aussi des sacrifices financiers, parce que, on ne gagne pas, tous.te, bien notre vie, parcequ’on doit investir dans notre propre carrière, dans le soin de notre corps et notre tête, dans du matériel, dans des compétences, dans le choix d’une nourriture spécifique.
C’est un dilemme, un challenge pour trouver l’équilibre de vie, pour s’accomplir malgré toutes ces contraintes.
C’est ça aussi la poursuite du rêve olympique.
Alors quand tout bascule en quelques secondes, les émotions sont tellement intenses qu’elles nous submergent. C’est tout cela qu’il y a derrière les cris, les larmes de victoire ou de défaite. »
Charline Van Snick : une athlète à suivre au quotidien