Le bonheur au travail : utopie ou nécessité ?

Les anciennes générations ne faisaient que peu de lien entre bien-être et travail. Mais la situation a changé. Dans une société plus connectée, plus informée, plus diplômée aussi, les jeunes aimeraient ne plus se contenter d’un travail alimentaire pour enfin joindre l’utile à l’agréable. Cette quête d’accomplissement professionnel prend d’autant plus de sens que dans notre société très tertiarisée, de nombreux boulots apparaissent comme vides de sens. Et puis, on en passe du temps au travail, et pas qu’un peu. Autant le passer à sourire, non ?

Le bonheur, un enjeu… économique

Oui, il est tout-à- fait possible de mélanger gros-sous et bonheur. Non pas que l’un entraîne l’autre, d’ailleurs. Mais surtout, parce que de nombreuses recherches prouvent qu’un employé heureux est diablement plus productif : l’étude à cette adresse (en anglais!) compile une quarantaine de pages de tableaux, de statistiques et d’équations en tout genre que je vais résumer en un chiffre pour vous en épargner la lecture : 37% de gain de productivité. N’hésitez pas à l’envoyer à votre patron la prochaine fois qu’il râle.
Et puisque vous en serez à envoyer un mail à votre boss pour lui expliquer par le menu pourquoi il est de son intérêt de veiller au sourire de ses employés, autant lui envoyer aussi le lien vers cette conférence (et… suspense… bah oui, en anglais). On y parle chiffres, on y parle bonheur, mais à une toute autre échelle que l’étude précédente. L’objet est en effet non l’individu, mais l’entreprise elle-même. Et les chiffres feront baver tout capitaliste qui se respecte : les bénéfices, pour une entreprise heureuse, se chiffrent à une augmentation des ventes de 37%, un gain de productivité de 31%, et un chouette +19% d’efficacité. Sans compter les retombées positives sur la santé des employés et sur leur qualité de vie.
La morale de l’histoire est qu’il sera quand même beaucoup plus simple de convaincre votre patron de tout l’intérêt du bonheur au travail s’il parle anglais. Enfin, et surtout, parce que les considérations linguistiques, ça va bien deux minutes, on retiendra que le bonheur est un enjeu qui dépasse de très loin l’utopie. Il en va aussi du compte en banque de tout le monde.

Mais au fait, le bonheur au travail, c’est quoi ?

C’est donc prouvé, re-prouvé et prouvé encore, le bonheur des employés profite à tout le monde. Reste maintenant à savoir ce qui fait un employé heureux.
Commençons par un lieu commun : l’argent ne fait pas le bonheur ! La rémunération comme seule motivation est contre-productive, et les études tendent même à montrer que les classes les mieux rémunérées sont aussi celles qui sont le plus soumises au stress et à l’anxiété. Il ne faut pas pour autant minorer l’importance de l’argent : la sécurité financière contribue au bien-être. Mais elle n’est pas une fin en soi.
C’est que le bonheur est un concept abstrait et qui se montre très variable selon les personnes. Pour motiver ses troupes et donner le sourire à ses employés, le patron ne peut donc se contenter de distribuer de chouettes chèques à tour de bras (mais ne l’en empêchez pas de le faire si l’envie lui prend). Il va lui falloir s’aventurer dans les sables mouvants de la subjectivité.
Car ce que les nombreuses études universitaires réalisées sur le sujet tendent à montrer, c’est que les facteurs matériels viennent au second plan. Le bonheur au travail tient bien davantage dans des notions d’autonomie, de responsabilisation, de valorisation, de sens, à l’opportunité d’utiliser sa créativité, à la liberté, et surtout, au droit, au devoir d’utiliser son cerveau.
Un employé satisfait au travail n’est pas quelqu’un de contraint par la peur du patron et de son martinet à lanières cloutées. Ce n’est pas quelqu’un poussé par l’ambition et qui, en voyant dans le succès une fin en soi et non un effet secondaire, s’expose au burn-out. C’est un employé engagé, qui trouve sa motivation dans ses tâches et non ailleurs. C’est aussi quelqu’un qui se sent valorisé et apprécié.

Les pistes à explorer pour le bien-être au travail

Puisque le bonheur en entreprise a tout plein d’enjeux économiques, nombreuses sont les compagnies à s’être penchées sur la question.
Dissipons d’abord le malentendu Google. L’entreprise est très célèbre pour ses locaux… complètement fous, qui offrent à ses employés salles de sport, restaurants, et un tas d’autres trucs inattendus (cliquez-ici pour un aperçu en une myriade de photos des locaux de Google à Zurich).
Elle sait aussi rémunérer ses employés à grands coups de gros chèques, mais cette approche n’est que le sommet de l’iceberg. Plus que sur tous ces artifices, c’est avant tout sur la passion que compte le géant de la Silicon Valley. Les tables de billard ne sont qu’un (chouette) bonus.
Pour rendre ses salariés heureux, les entreprises sont donc bien loin de se cantonner à les pouponner et à leur offrir des parties de baby-foot. Une des pistes explorées consiste à démolir la monolithique et tout-à- fait obsolète hiérarchie pyramidale pleine de chefs de sous-chefs de chefs d’on ne sait plus qui. Suppression des contrôles, des échelons intermédiaires, partage de l’information, pratiques égalitaires… Les alternatives à apporter à la hiérarchie classique sont nombreuses.
Même les horaires sont sur la sellette. Fini le pointage, certaines entreprises et administrations (oui oui, des administrations, avec des fonctionnaires dedans) promeuvent le télétravail, les horaires flexibles, et remplacent les heures de travail par des objectifs. La chaîne de télévision Arte a d’ailleurs consacré un documentaire à ces entreprises libérées adeptes de nouvelles méthodes pour promouvoir le bien-être au travail. Aux côtés d’acteurs privés comme Chronoflex à Nantes, ou le géant indien HCL, on trouve le très réjouissant exemple du… ministère de la sécurité sociale belge.
Qui a dit que de travailler pour l’administration publique dévorait l’âme ?

Le bonheur au travail : utopie ET nécessité !

Au final, champagne ! Le bien-être au travail profite à tous. L’utopie de l’employé représente une nécessité (et un tas de billets) pour son patron. Enfin, j’ai peut-être fait sauté le bouchon un peu vite : le bonheur a des bienfaits économiques prouvés, est aussi une question de santé publique, mais si de nombreuses entreprises s’activent en ce sens, il reste encore beaucoup, beaucoup , mais alors vraiment beaucoup de chemin à faire. Doit-on voir un verre à moitié vide, ou à moitié plein ?
Je vous laisserai trancher, pour ma part, la bouteille est déjà ouverte, autant la boire, en me disant que si les forces du capitalisme rejoignent le navire, tout est possible.

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