« Il faut que tu rencontres Philippe Croizon, il est incroyable et incarne l’Optimisme, je te mets en contact »… Nous voici installés, la semaine suivante, à la terrasse d’un jardin parisien. Les passants le saluent et lui disent « bravo » ou « merci ». Car Phlippe Croizon est un héros des nouveaux temps. Ce spécialiste des défis sportifs (la Manche à la nage, le Paris-Dakar), ce conférencier qui fait rire puis pleurer 10 000 cadres à Bercy, ce chroniqueur du journal de la santé vous donnerait envie de discuter des heures avec lui tant son histoire est riche. Une rencontre magique.
L’histoire de Philippe Croizon, c’est quoi ?
2 vies en une. Celle d’un métallo qui, à 26 ans, a un accident. Nous sommes en 1994, j’installe une parabole sur mon toit, 20 000 volts traversent mon corps, 3 fois ! Coma.
Ma femme est enceinte de 7 mois. Son oncle vient me voir. « Cela serait bien que tu sois là pour guider tes 2 petits gars sur le chemin de la vie ». Electrochoc. Je me réveille et décide de vivre. D’où le titre de mon premier livre.
Ta deuxième vie commence donc. Une vie des défis, sportifs entre autres?
Un jour, au centre de rééducation, je demande à une infirmière d’allumer la télé. Je regarde Thalassa. L’émission parle d’une jeune fille traversant la Manche à la nage à 17 ans. Je me dis qu’un jour je le ferai. A cet instant, j’oublie mon handicap, un jour ça sera moi.
Je traverse une période difficile à végéter pendant 7 ans sur mon canapé. Mais dix ans après ce reportage, je commence l’entrainement, 2 ans plus tard ON réussit.
On ?
L’équipe car ce projet n’est plus que le miens. J’embarque dans mon histoire : entraîneur de natation, préparateur physique, sophrologue, partenaires… J’appelle les meilleurs et je leur donne le paquet : moi.
Il faut que je le fasse. Je sais que le taux de réussite de la traversée de la Manche est de 10% chez les valides, mais je suis positif et je sais que si j’y arrive, jamais je ne retournerai végéter dans mon canapé. L’équipe me suit.
Tu parles beaucoup de Suzanna, ta compagne
7 ans après mon accident, ma femme me quitte. Je m’inscris sur Meetic, site sur lequel je mets une photo de ma tête… Après quelques semaines de discussion les femmes me proposent de nous rencontrer ; je leur parle de mon handicap : elles bottent en touche.
Finalement je décide de le dire dès le début. Je défile les fiches sur le site, un peu comme au magasin et je tombe sur la fiche de Suzanna. Ma première phrase : « comme tu le vois sur la photo, j’ai les cheveux dans le vent, mais le vent était trop fort et je ne les ai pas retrouvé. »
Sa réponse « Si le vent souffle vers moi je te les ramène »
Je lui explique l’accident, elle arrive dans la région et cherche des amis, on se rencontre. Aujourd’hui nous formons une famille de 2 garçons, 3 filles, 1 chien, 3 chats, 1 cochon d’inde et 1 poisson rouge.
Tout est possible, j’ai osé.
Tu as traversé la Manche mais aussi fait le Paris-Dakar, j’imagine qu’on a du te dissuader !
Oui, il a fallu faire preuve de persuasion pour emmener les autres dans mon aventure. La traversée de la Manche, tout le monde a essayé de me dissuader. Il faut dire que j’étais gras comme un lardon, que j’avais 40 ans et 2 infarctus à mon cursus !
Quel processus mets-tu en place pour aller au bout de tels défis ?
Des que j’ai une idée je me renseigne pour acquérir les infos. C’est généralement le moment où je me rends compte que c’est quasiment infaisable, mais c’est trop tard, je suis lancé.
Dès qu’on se pose la question « est-ce que je peux ? », ça veut dire qu’il faut tenter.
Il faut aussi savoir qu’à partir du moment où tu as l’idée, le doute est avec toi. Et il est avec toi jusqu’au bout.
Tu sembles tout réussir, as-tu déjà du faire face à l’échec ?
Deux fois dans ma vie : les deux fois où j’ai voulu mettre fin à mes jours. Je l’explique dans le livre « Plus fort la vie ». Vouloir mettre fin a ses jours était un objectif que je m’étais mis.
A une semaine d’intervalle je tente. Visiblement, ce n’est pas l’heure. Je demande l’aide des psys.
Comment accepter sa nouvelle vie ?
Mes outils de résilience ont été mes deux garçons, l’humour et le sport.
Philippe : pour toi c’est quoi l’Optimisme ?
La première fois que j’entends parler de l’optimisme c’est lors d’une invitation que me fait le « Printemps de l’optimisme ». On me dit « tu es le symbole de l’optimisme ». L’optimisme ? Une nouvelle secte pour faire face à celle des pessimistes ? Des perchés ? Un monde de bisounours ?
Finalement, je me retrouve dans les valeurs qu’ils défendent.
J’ai un projet, j’y crois : je pense que ça va marcher même si 99% des gens me disent que c’est impossible.
Tu crois au hasard ?
Je crois aux rencontres. De nombreuses rencontres ont changé ma vie. La rencontre avec Suzanne, ma deuxième femme, la rencontre avec Anne qui est devenue mon agent et m’a aidé à trouver des sponsors pour mes projets.
Quelles sont les personnalités qui t’ont bluffé récemment ?
Emmanuel Macron pour le tout est possible. Il y a cru, il a osé.
Une citation ?
Un conseil à donner aux lecteurs ?
Le conseil que je donne à la fin de mes conférences : quand vous allez rentrer chez vous, arrêtez-vous un instant et pensez à tout ce que vous avez.
Retrouvez la chronique la semaine prochaine la chronique de son dernier livre « Pas de Bras pas de chocolat » ! Ecoulé à plus de 10 000 exemplaires en 5 jours, Philippe Croizon y raconte son parcours de vie avec de nombreuses anecdotes ! On ris, on s’inspire.
Découvrez son récit au TEDxParis : https://loptimisme.com//philippe-croizon/