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Parler du suicide quand on est média : notre équipe s’est sensibilisée !

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Nous sommes convaincus que le suicide ne devrait plus être un sujet tabou dans notre société !

Pour autant, ce n’est pas un sujet comme un autre. Il faut en parler, oui, mais comment ? Avec les réseaux sociaux, nous sommes tous quelque part des transmetteurs d’informations et nous n’avons pas toujours conscience de l’impact des messages que nous publions.

En tant que média, nous avons une responsabilité quant au poids des mots et des images que nous publions et que vous lisez. Mais quel est le ton à employer, quels sont les bons mots, ceux qui encouragent l’entraide quand on parle du suicide ?

Pour nous sensibiliser, l’équipe de l’Optimisme a passé une après-midi avec Nathalie Pauwels, directrice communication du 3114 (ligne nationale de prévention du suicide) qui a délivré le programme Papageno. Retour d’expérience sur ce moment riche d’enseignements ! 

Des mots et des images qui favorisent la contagion suicidaire : l’effet Werther

Nous l’ignorions il y a encore quelques temps mais le traitement médiatique du suicide peut contribuer à ce qu’on appelle l’effet Werther, c’est-à-dire une contagion suicidaire engendrée par la façon dont est présenté le suicide.

Cet effet a été étudié et prouvé scientifiquement il y a environ 50 ans à partir de l’oeuvre de Goethe – « Les souffrance du jeune Werther » – dans laquelle le héros se suicide. Son acte est raconté de manière fataliste et romantisée. Les observateurs ont constaté que d’autres jeunes hommes avaient reproduit et imité ce geste à la suite de leur lecture. 

D’autres études ont mis en avant cet effet comme celle réalisée autour du traitement médiatique du suicide de Robin Williams en 2014. Une illustration d’Aladin serrant le génie avec la phrase « Génie tu es libre! » avait été  diffusée sur Twitter, donnant au suicide une valeur positive ou glamour. Les médias avaient particulièrement détaillé la méthode utilisée par Robin Williams pour passer à l’acte.

Aux Etats-Unis, ce traitement médiatique a engendré une augmentation de 10% des suicides chez les hommes de 30 à 44 ans.

Favoriser une communication préventive avec l’effet Papageno

L’OMS, consciente des effets Werther, a publié en 2017 12 recommandations pour un traitement responsable de l’information. Les chercheurs se sont intéressés à un autre effet: l’effet Papageno du nom du protagoniste de l’opéra « La flûte enchantée ».

Papageno se rappelle au moment où il compte mettre fin à ses jours qu’il dispose de clochettes magiques (symboles des ressources extérieures que nous pouvons mobiliser) pour retrouver le goût à la vie ainsi que son amour, Papagena. 

L’étude de cet effet Papageno montre que les messages médiatiques peuvent avoir une portée préventive des comportements suicidaires

Comment favoriser un effet Papageno quand on est média ?

Nous apprenons avec Nathalie que pour favoriser un effet Papageno, nous pouvons suivre quelques recommandations : 

  • Faire preuve d’une attention particulière lorsque le suicide concerne une célébrité ;
  • Ne pas présenter le suicide (qui est ultra-complexe) comme ayant une cause unique. (Exemple:  « Atteint du coronavirus, le médecin du Club de football de Reims s’est suicidé. ») Le suicide est complexe à comprendre et résulte d’une multitude de facteurs ;
  • Ne pas inclure de détails ni de photos présentant la méthode ;
  • Ne pas détailler les lieux du suicide pour ne pas donner une réputation au lieu qui inviterait à d’autres suicides (les hot-spots) ;
  • Eviter de rédiger des titres sensationnalistes ;
  • Ne pas romantiser le suicide ;
  • Limiter la diffusion de mythes: on ne pouvait rien y faire, le suicide est un choix, etc ;
  • Être attentif à la syntaxe et à la sémantique. Ne pas dire, par exemple, qu’un suicide a  « raté » ou « échoué » ;
  • Faire attention au poids des illustrations: préférer des images qui montrent l’entraide et les ressources disponibles plutôt que celles qui mettent en scène le désespoir ou des moyens pour se suicider ; 
  • Toujours mentionner des ressources et l’aide disponible pour ses lecteurs avec une phrase de type: « Si vous avez des pensées suicidaires, en parler peut tout changer. Vous pouvez contacter le 3114 (24/24 et 7j/7). 

Le pouvoir des témoignages

À côté des ressources que nous pouvons mettre en lumière sur nos médias (numéros d’urgence, associations, lignes d’écoute…), Nathalie nous rappelle le pouvoir et la force des témoignages des personnes qui ont l’expérience de pensées suicidaires, ont trouvé l’aide adéquate et ont repris le cours d’une vie satisfaisante et épanouissante. 

Nous pouvons penser, par exemple, à l’intervention de Stromae. En janvier dernier, le chanteur avait surpris les auditeurs du JT en parlant de ses idées suicidaires à travers sa chanson « L’Enfer ». Une initiative qui a permis à de nombreuses personnes de demander de l’aide en contactant le 3114

Si vous souhaitez un jour partager votre témoignage, vous pouvez le faire sur le site du programme Papageno dans l’onglet « Partagez votre histoire. » Il n’est pas anodin de témoigner du sujet. N’hésitez pas à demander de l’aide à l’équipe du programme. 

Amis journalistes, médias, influenceurs, rédacteurs, sensibilisez-vous au programme Papageno

Ce programme de prévention du suicide à destination des médias est gratuit. L’information est riche et nous ne parlons plus du suicide de la même façon après l’avoir suivi ! 

Vous avez des pensées suicidaires ou des inquiétudes pour un proche ?

N’hésitez pas à joindre le 3114. Des professionnels vous répondent 7j/7 et 24h/24.

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