A l’occasion d’Octobre Rose, nous avons la joie de mettre en avant une femme au parcours très inspirant : Isabelle Guyomarch. A la fois cheffe d’entreprise et « cancer survivor engagée », Isabelle a créé la marque « Ozalys » une gamme de soins dermo-cosmétiques qui a été développée pour accompagner les patient(e)s pendant et après les traitements anti-cancéreux. Portrait d’une femme engagée qui aide les femmes atteintes du cancer du sein à se reconstruire.
Vous avez un parcours tellement incroyable : à la fois entrepreneure engagée, combattante, mère…Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Isabelle Guyomarch, 54 ans, cheffe d’entreprise et cancer survivor engagée. Après 20 ans comme cadre supérieure dans l’industrie pharmaceutique, j’avais envie de plus d’engagement. J’ai racheté en 2008 CCI Productions, un groupe industriel cosmétique en difficulté, devenu aujourd’hui un acteur majeur pour les marques du luxe mondial.
En 2013, le diagnostic tombe, brutal, un cancer du sein, grade 3 agressif. J’ai alors connu la maladie, et le regard porté par la société sur le cancer et les personnes malades. J’ai dû livrer un autre combat pour conserver mon entreprise, et préserver l’emploi en France. C’est à ce moment que j’ai décidé de créer Ozalys.
Vous avez vous-même traversé l’épreuve du cancer du sein. De ce combat est né Ozalys. Pouvez-vous nous en parler ? Quelle est l’ambition d’Ozalys ?
Ozalys est une marque résolument sociétale et exclusivement engagée dans la problématique du cancer. Son ambition est d’aider les femmes à se reconstruire, et d’améliorer leur qualité de vie pendant et après les traitements.
Ozalys est à la fois attentive au bien-être et à la fragilité de toutes les femmes. Je me suis attachée à créer une gamme complète de soins de haute conception, innovante par sa charte de formulation unique, excluant à la fois les substances suspectées d’être dangereuses pour la santé et prenant en compte l’hormono-dépendance des cancers, permettant à chacune de retrouver le plaisir de prendre soin de soi en toute sécurité.
Vous avez à cœur de développer une politique de responsabilité sociale d’entreprise innovante et avez créé au sein de votre usine « la bulle ». En quoi cela consiste-t-il ?
Chez Ozalys, nous voulons aider les femmes à faire face aux conséquences de la maladie tant dans leur vie personnelle que professionnelle. Dans mon groupe de 250 salariés, dont 80% de femmes, j’ai fait le choix de mettre la santé des salariés et l’insertion des personnes malades au cœur de la stratégie globale.
L’atelier-école, est un lieu unique au cœur de l’usine, où les malades travaillent à leur rythme et renouent avec la vie active. C’est une bulle où nous faisons la démonstration que la fragilité peut être source de création de valeur en entreprise.
Quels sont encore, selon vous, les tabous liés aux cancers féminins qu’il faudrait lever ? Et comment faire ?
Les tabous sont nombreux ! Les traitements sont sources de vraies souffrances physiques et psychologiques. Mais le plus grand tabou, ce sont les séquelles et effets secondaires des traitements sur la qualité de vie des femmes après le cancer. Par exemple, l’hormonothérapie prescrite entre 5 et 10 ans lors des cancers hormono-sensibles engendre une ménopause souvent très difficile à vivre. Le manque d’information, la gêne à parler d’intimité de la femme demeurent, y compris dans la relation patient/soignant.
Que faire ? En parler, en parler, en parler pour faire bouger les lignes. C’est le sens de mon engagement et de mon témoignage.
Quel rôle le milieu de l’entreprise peut-il jouer, à votre avis, pour participer à cette évolution collective des mentalités à l’égard du cancer ?
Les conséquences socio-économiques du cancer sont encore un autre tabou. Le retour au travail, l’accès aux prêts bancaires, mutuelles, assurances vie, sont un parcours du combattant pour toutes les femmes (et hommes) qui ont déjà mené un long combat. Il faut tout faire pour éviter les licenciements après un cancer. Les entreprises qui comprennent cela, s’adaptent et innovent pour les personnes qui sont ou ont été malades, contribuent à faire avancer les choses et le regard porté par l’ensemble de la société sur ces personnes.
Un message que vous aimeriez faire passer à toutes les femmes à l’occasion d’Octobre rose ?
Trop petits, trop gros, pas assez ceci, pas assez cela… Et si nous regardions nos seins autrement, si nous apprenions à mieux les connaître et les aimer ?
Parce que chaque année, le cancer du sein touche près de 2 millions de femmes dans le monde et cause plus de 600 000 décès, ce mois d’octobre, dédié à la sensibilisation et à la prévention est essentiel pour lutter contre les peurs et les tabous. Si diagnostiqué suffisamment tôt, il peut être guéri dans 9 cas sur 10, il n’en demeure pas moins une réelle épreuve. Séquelles physiques, psychologiques, traitements de prévention de la récidive, impactent la qualité de vie des femmes.
Nos seins sont source de vie, symbole de séduction, de liberté mais aussi parfois de mort. Parce que près d’autant de cancer du sein sont découverts suite au dépistage organisé que suite à la décision de la femme de consulter face à̀ des signes d’appel, prenons soin d’eux, observons-les et soyons actrices de notre santé !