La santé mentale des collaborateurs est un sujet central en 2021, que ce soit entre les murs de l’entreprise ou à l’extérieur. Nous avons tous probablement déjà été témoins du mal-être flagrant d’un collègue, d’un voisin ou d’un parent sans pour autant savoir comment réagir.
La maladie mentale continue d’être « tabouisée » alors qu’elle est au cœur des préoccupations sociétales. Et si devenir secouriste en santé mentale nous permettait d’avoir des comportements mieux adaptés face à quelqu’un qui exprime les signes d’une détresse psychique ? Dans cet article, je vous explique pourquoi je suis devenue secouriste en santé mentale et l’utilité de cette formation en entreprise.
Pourquoi devenir secouriste en santé mentale ?
Je me sens concernée par la question déjà en tant que citoyenne mais aussi en tant que collègue, sœur, voisine, amie et chargée de mission à l’Optimisme. Quelle que soit l’entreprise pour laquelle on travaille, nous pouvons tous un jour développer un trouble psychique.
La simple expression « maladie mentale » effraye parce qu’il y a beaucoup de méconnaissance et de stéréotypes sur ces maladies. Durant la formation des premiers secours en santé mentale, nous abordons les troubles dépressifs, anxieux, psychotiques, ceux liés à l’utilisation d’une substance afin de mieux les comprendre. Cela permet de dépasser certaines croyances et surtout de mieux savoir comment réagir dans de telles situations.
Je me sens aujourd’hui plus informée et plus à même de réagir face à une personne développant un trouble ou souffrant d’une maladie psychique, qu’il s’agisse d’un collègue ou non.
Quelle utilité pour l’entreprise d’avoir des collaborateurs secouristes en santé mentale ?
Selon moi, cette formation permet avant tout de développer notre empathie et notre écoute envers les personnes qui nous entourent dont nos collègues. Il peut être très difficile de parler d’un tel sujet quand bien même on connaît son partenaire de travail depuis des années et qu’on entretient de bonnes relations avec lui. Nous n’osons pas poser de questions sur la santé mentale car nous ne savons pas comment l’aborder. Il y a aussi tous ces signes invisibles, ce masque que l’on porte par peur d’être le « maillon faible » si on se dévoile trop au travail. Lorsqu’on devient secouriste, on se sent davantage concerné par les difficultés psychologiques, les émotions, l’état des personnes avec lesquelles nous travaillons. Cela permet aussi d’interpréter certaines situations avec un autre prisme. Par exemple, un manager secouriste et sensibilisé à la santé mentale considèrera sûrement une attitude ou une situation de détresse psychologique au travail différemment, en se rappelant les bases de cette formation. Ces connaissances servent le salarié tant au sein de l’entreprise que dans la vie de tous les jours. Il devient un « sujet aidant » au travail comme à la maison, sans oublier qu’il aura lui aussi peut-être un jour besoin d’être soutenu en retour.
Quelles applications concrètes dans le cadre du travail ?
Tout comme on le ferait pour une personne qui fait un malaise ou une crise cardiaque, il s’agit de proposer une intervention adéquate pour venir en aide à la personne concernée en suivant un plan d’action que l’on apprend en formation. Bien sûr, en raison des complexités de la dimension psychologique, les applications sont parfois moins évidentes que pour les gestes de premiers secours.
Être « secouriste » ne signifie en aucun cas être « sauveur ». Il ne s’agit pas de poser un diagnostic ou de se prendre pour un thérapeute mais de pouvoir tendre la main à l’autre, avec une écoute active et sans jugement, l’informer des ressources disponibles et le diriger vers les bons professionnels. C’est ce que je fais lorsque des lecteurs ou des adhérents de l’Optimisme nous font certaines confidences sur leurs ressentis ou leur état émotionnel. L’autre jour, par exemple, un adhérent m’a dit au téléphone qu’il ne « serait pas une grande perte pour le monde qui tournerait peut-être mieux sans lui. » En formation, nous apprenons à ne pas avoir peur de parler et d’évoquer le suicide car poser les mots permet de soulager l’angoisse de la personne qui y pense. Il n’y a bien sûr jamais de recette ou de script. L’enjeu est de pouvoir informer au bon moment et d’être un petit « chaînage » dans la prévention en santé mentale.
La maladie mentale est une réalité qui concerne 1 personne sur 5. C’est pourquoi que ce soit avec nos collègues, les clients, les partenaires ou les prestataires qui nous entourent, nous pouvons tous avoir un rôle à jouer, à notre échelle, avec humilité. Lors de notre dernière réunion, j’ai informé mes collègues que j’étais secouriste. C’est aussi un moyen indirect de leur dire : « Si tu en as besoin, je peux t’écouter ou te donner quelques informations si tu rencontres des difficultés. »
Pour plus d’informations
Le projet « Premiers Secours en Santé Mentale » a pour objet de former des acteurs « non professionnels de santé », capables d’apporter un soutien initial à une personne développant ou souffrant d’un trouble ou maladie psychique, comme c’est le cas depuis longtemps pour les gestes et soins d’urgences « physiques ».
Premiers Secours en Santé Mentale France
A propos de l’auteure
Eva Mazur est chargée de mission à l’Optimisme, responsable de la rédaction & coordinatrice du Club de l’Optimisme.
Thèmes: développement personnel, bien-être, infos positives, inspiration & santé mentale
Contact: eva.mazur@loptimisme.com