Cher lecteur,
Comme il est bon de prendre le temps : flâner, lire, écrire… Ce mois d’août semble offrir le temps qui nous manque pendant l’année. Et si on en parlait ?
LA MODE DE L’ANNÉE
As-tu vu défiler tous ces posts indiquant que leurs auteurs se lançaient dans une « digital detox ». Des influenceurs aux salariés de grands groupes, en août, visiblement « on coupe ». Après le régime pré-estival, la diète digitale.
« Pour mieux revenir », « pour profiter de l’instant présent », « pour prendre l’air ». Chacun d’en justifier le pourquoi. Au demeurant, il semble que ce soit pour aller mieux.
Et de m’interroger. L’outil digital fait-il aller mal ?
AI-JE TOUT FAUX ?
Parce que moi, c’est l’exact opposé. Avant de partir, j’ai embarqué tablette et smartphone en plus de mes habituels 3 livres par semaine.
Août sonne comme une « digital tox ».
Enfin, j’ai le temps de lire tous ces articles taggués « pour plus tard ». Enfin je trouve le temps de parcourir les partages de ceux que j’admire. Je dois te l’avouer : mon cerveau se délecte des flux LinkedIn. J’y trouve plus de matière que dans bien des journaux de plage qui titrent « réussir sa digital detox! » . Ironie.
ALORS, JE NE PROFITE PAS DE L’INSTANT PRÉSENT ?
C’est la question que je me suis posée, culpabilisant d’arriver en vacances excitée à l’idée de pouvoir me connecter.
Et d’en parler à mes compagnons de vacances, eux aussi munis de leurs smartphones. Allions-nous vivre dans un monde virtuel sans profiter de notre propre compagnie ?
Peut-être ai-je de la chance…. Tendance « bavarde ++ » et plutôt épicurienne, mes vacances ressemblent plus à des longues conversations autour de bonnes bouffes qu’à un conglomérat d’yeux rivés sur un portable.
Pourtant, nous sommes tous digitalement toxés.
REMETTRE EN CAUSE L’UTILISATION ET NON L’OUTIL
Il me semble que la question n’est pas l’outil, mais son utilisation. Rédigeant cet article depuis une terrasse au Pyla, j’en profite pour observer les usages des uns et des autres. A côté de moi, un vacancier « scrolle » frénétiquement depuis une bonne demi-heure son flux facebook alors que ses amis bavardent autour d’un café.
C’est certain. L’outil que nous avons en main peut inciter à la frénésie de communication. Connais-tu le terme FOMO : Fear Of Missing Out ? La « peur de manquer » quelque chose d’important. Ou pire, la peur de ne pas raconter quelque chose d’important. A corréler avec un autre mot intéressant : NOMOPHOBIE, de « no mobile phobia », la peur de ne pas avoir son portable sur soi…
Or, si on réfléchit : est-il sujets si importants qu’ils ne peuvent attendre demain ? Si on ne fait pas attention, nous rendons notre emploi du temps complètement dépendant de celui des autres. Pourtant, il n’est pas logique d’interrompre un repas pour répondre à un message.
Et si la question n’était le digital mais la synchronisation de son temps avec le flux d’information ?
DE LA DIFFÉRENCE DES USAGES
Il est devenu normal de répondre à son boss ou à ses amis dans la journée voir dans l’heure. Nous nous sommes progressivelent habitués à l’immédiateté.
L’outil numérique pousse insidieusement à vivre dans « l’urgence ».
Pour ma part, je n’ai eu d’autre choix que d’en sortir quand j’ai atteint le millier de mails en retard. Tu sais, j’ai pris aujourd’hui le temps de répondre à des messages qu’on m’a envoyés il y a plusieurs plusieurs mois. Au fond, j’aurais pu y répondre plus tôt rapidement lors d’un transport mais ma réponse la tête au calme dans un long mail a surement plus de valeur. On m’envoie souvent de beaux mails auxquels j’ai à cœur de répondre. Répondre rapidement de façon bâclée n’a pas de sens quand bien même cela soit la norme.
De même, les articles que je lis ont parfois 3 mois. Il s’agit généralement de longs articles ou de livres blancs. Prendre le temps de lire et de creuser etarrêter de survoler : c’est aussi ça que peut offrir la « digital tox ». Dans la course au temps, on a changé notre façon de lire. D’ailleurs, on l’évoque souvent : en ligne il faut faire des articles courts, 300 à 500 mots. Il paraîtrait même que les internautes ne lisent plus que les titres…
Et de m’interroger. Au lieu de parler de digital détox, ne devrait-on pas simplement ré-éduquer notre rapport au temps ? Un peu comme pour les régimes. On n’arrête pas de manger, on apprend à manger.
Je vais finir là cette deuxième lettre des vacances, les copains m’attendent justement pour déjeuner et refaire le monde. Tu noteras, que, comme d’habitude, ma missive est longue et dépasse probablement le millier de mot, je te remercie d’être arrivé jusqu’à la fin en lisant le contenu et non seulement les titres.
J’attends tes commentaires : que penses-tu de la Digital Detox ? La pratiques-tu ? As-tu déjà réfléchi au rapport au temps dans la vie ou dans l’entreprise ?
Catherine
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