VULNÉRABILITÉ : passage à vide et coup de blues…

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Cher lecteur,

C’est depuis la terrasse d’un café place Clichy que j’écris aujourd’hui cet article. Les premiers rayons de soleil sont de sortie et je dois bien admettre qu’ils me réchauffent le cœur. Parce que j’ai vécu passage à vide, un vrai. Onparle peu de ses fragilités sur ce réseau, alors je l’ose.

Plus de 3 ans d’Optimisme

Voilà un peu plus de trois ans que cette folle idée de l’Optimisme est devenue pour moi une urgence. Il faut dire que mon parcours est bien peu traditionnel… Je débute dans le domaine du développement durable en 2006, personne n’en parle et chaque jour je fais face à des « ma pauvre Catherine, le développement durable, tout le monde s’en fout». Effectivement. Pour moi il est déjà presque trop tard pour aborder le sujet, mais pour les autres, c’est encore trop tôt. Face à tant d’inaction, je pars alors explorer le domaine du digital, de l’innovation, du marketing, pour comprendre ce pan de la société qui semble nous conditionner. Puissance du marketing, psychologie de l’achat, manipulation de la data, digitalisation de notre société. J’entraperçois rapidement les conséquences de la révolution du digital.

Et je commence à m’interroger sur cette société au bord de la schizophrénie avec ses injonctions paradoxales « créons des outils pour pousser à l’hyper-consommation, consommons plus, plus vite, mais attention préservons la planète ». Et je m’interroge. Que dois-je faire ? Que puis-je faire ? Capituler ? Me laisser aller aux scénarii collapsologistes ? Ne pas voir ? Quelle solution ?

Je ne trouve que l’empathie comme levier face aux crises, qu’elles soient digitales, sociétales, environnementales. Je ne trouve que l’empathie comme solution à notre humanité. Mais comment faire ? Comment créer de l’empathie dans notre société ?

Mes études en physique-chimie et ma passion pour la physique quantique ont laissé une empreinte « nous créons la société que nous imaginons ».

Alors je choisis l’Optimisme. L’optimisme d’action. Nous sommes en 2016 et en 10 ans, j’ai déjà rencontré des personnalités extraordinaires. Des personnalités engagées pour la création d’une société de demain un peu plus chouette. Ils sont salariés, entrepreneurs, chercheurs, en recherche d’emploi, peu importe, ils agissent. Ce sont eux qu’il faut mettre en avant pour déplacer le centre de gravité de la norme. Et c’est sur eux qu’il faut me concentrer.

Je découvre que je ne suis pas la seule…

Je décide de lancer le projet de l’Optimisme pour mettre en avant les acteurs engagés. Je suis dans le concret. Je vis dans l’instant présent. Ce n’est pas grand chose, mais c’est quelque chose. Je souris quand de loin on me croit naïve. « S’ils savaient… ».

Je deviens chaque jour plus optimiste au contact des personnalités incroyables que je rencontre. Je trouve les gens beaux par leur engagement. Dans notre société au culte de la beauté visuelle, je découvre la beauté du cœur.

Des rencontres improbables. Des amitiés nouvelles. Je suis heureuse et rassurée de voir que nous sommes nombreux à nous engager.

Je commence à partager mes pensées sur les réseaux, non pour convaincre mais pour que ceux qui sont déjà convaincus se rendent compte qu’ils ne sont pas tout seuls. Et je découvre que nous sommes nombreux. Nous sommes partout : dans le monde entrepreneurial, dans l’entreprise, dans le monde associatif. C’est littéralement incroyable.

Coup de blues

Mais voilà qu’en janvier 2020, un coup de blues dévorant m’envahit. Incontrôlable. En ce qu’on appellerait du « plein succès ». La parution d’un nouveau livre au succès incroyable atteignant les meilleures ventes, la traduction en arabe de « Osez l’Optimisme », des conférences, un site en croissance exponentielle, des audiences mensuelles qui se comptent en millions (oui millions) de lecteurs et un tourbillon de vie. Mais je n’arrive pas à contrôler ma tristesse. Moi l’optimiste. Je n’y arrive plus.

Mon hypersensibilité s’invite dans la partie. Cette urgence me monte au corps. Elle est différente des premières années. Parce qu’entre temps j’ai rencontré la Société. J’ai mesuré l’ampleur de la solitude et du désarroi. Et une inquiétude me ronge : celle de la fatigue de ceux qui s’engagent. Ils sont si nombreux à mettre leur vie de côté pour une cause, je vois tant de projets incroyables avorter faute de moyens ou par épuisement.

Je suis triste. Pas pour moi, mais pour Nous. J’erre penaude. J’en ai peut-être un peu trop vu. Et j’ai du mal à gérer tout autant l’injustice de ceux qui agissent et s’épuisent que ces mails « je me fais violer, comment rester optimiste ? » « je me fais frapper, quoi faire ? » adressés à un citron (notre logo), symptôme de notre société malade.

Être rattrapée

Si certains se disent que je suis en plein succès (ce qui est vrai) d’autres sentent ma détresse (tout aussi réelle). Elle se lit entre les lignes de mes publications.

D’abord les copains des 100 barbares, ces gens que j’aime tant qui avaient été les premiers à me donner confiance dans notre capacité, aussi petit soit-on, à changer les choses. Puis ce nouvel éco-système créé au fil de ces années. On ne se connaissait pas avant, mais le lien a été immédiat. Un partage de valeurs, de vision, une compréhension différente de la société. Des journalistes d’un plateau de radio aux influenceurs LinkedIn, je suis émerveillée de la beauté de l’humain, touchée des messages et coups de fils que je reçois.

Et enfin il y a ces messages improbables, de personnes que je ne savais même pas connaitre à des postes stratosphériques m’envoyant sur LinkedIn de but en blanc un « cela bouge, ne cédez pas, restez centrée ».

Je ne comprends pas grand chose à ce qui se passe mais je pleure. Cela peut sembler bien curieux de pleurer quand on nous pense « seulement » optimiste et d’oser le dire dans un article. Mais c’est aussi une réalité, pendant quasiment un mois, j’ai pleuré pas : pour moi, mais pour l’humanité. Parce que je fais partie des chanceuses et je sais mesurer ma chance.

Si j’arrive aujourd’hui à écrire l’article, c’est que cela va mieux et j’encre pour m’ancrer. J’ai retrouvé la beauté dans notre société. La beauté de la force de 10% qui peuvent impacter 100%. La beauté d’une révolution des consciences bien plus large que je ne l’avais imaginée. La beauté d’une société au bord de l’éveil.

On dit souvent que la réponse de la Nature à la pénurie est la beauté. En pénurie et en perte de sens, je ne peux que dire à quel point j’ai découvert la beauté de l’empathie.

Il est déjà l’heure, mon rendez-vous ne va pas tarder à arriver et il me faut clôturer ce post. Encore une fois j’ai l’impression de me mettre à nu mais je ne sais faire autrement, je ne connais que l’écriture de l’authenticité. Je ne sais pas si cet article a sa place sur LinkedIn mais peu importe. Si je l’écris c’est avant tout pour dire merci, merci à tous ceux qui agissent, merci à tous ceux qui s’engagent au service d’une cause, c’est de vous que naît mon optimisme.

Surtout, continuez même si vous aussi vous traversez des moments de découragement. Il n’y a pas de petites actions. Nous avons tous un rôle à jouer dans notre société. Et nous sommes nombreux à contribuer à notre échelle.

Merci merci merci.

Catherine

« Il n’y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu’un qui voit le même monde que nous. C’est apprendre que l’on n’était pas fou. Christian Bobin »

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