Véronique déborde d’énergie. Elle fait partie du groupe des « entrepreneurs positifs » et est bénévole engagée dans « second souffle » une association nationale qui accompagne des entrepreneurs ayant eu à liquider leur activité. D’employée de la fonction publique à entrepreneuse, elle nous raconte son parcours.
Peux-tu nous parler de ton cursus ?
Après des études en sciences de l’éducation, j’ai réussi le concours de conseiller principal d’éducation mais j’ai démissionné, ce qui arrive très rarement ! J’avais réussi un autre concours et je suis entrée au ministère de l’enseignement supérieur.
A une époque où les courriers passaient encore par des papiers dans des bannettes, je parlais du digital. J’étais passionnée et vue comme une extra-terrestre. J’ai créé le site Internet de ma structure : ce qui me plaisait était clairement la communication sous toutes ses formes.
Puis tu parles d’un ‘bug’ ?
Oui. Je débordais d’énergie donc j’étais considérée « sur-productive ». J’étais un électron libre et il y avait toujours une décalage entre mon côté « force de propositions » et les lourdeurs administratives.
Donc tu décides de partir au bout de 11 années « d’hyper-investissement » ?
Oui. Je suis partie de l’hypothèse que si j’étais capable de sur-fonctionner seule dans un système qui n’encourage pas à cela, j’étais capable de fonctionner seule à mon compte. Le retour à la liberté était mon moteur. On m’a prise pour une dingue.
Tu connaissais le milieu entrepreneurial ?
Non, personne dans mon environnement proche. Mais je mesurais les freins : partir après 45 ans, en étant une femme pour créer sa propre petite agence de communication dans un secteur ultra-concurrentiel (+ de 900 agences sur la métropole Lilloise). Dernier point qu’on ne sait pas forcément : il faut aussi se battre pour avoir le droit de quitter la fonction publique !
Et c’est là que tu décides de retourner à l’école ?
Oui. Syndrome bien français des diplômes. Ayant appris mon métier sur le tas, je voulais un diplôme pour ne pas passer pour un imposteur ! J’ai perdu mon temps, d’autant qu’aucun de mes clients ne m’a jamais demandé mon diplôme. Ce qui compte, ce sont les compétences réelles.
Tu as créé ton agence en 2012
Oui, mon objectif était de proposer un accompagnement personnalisé à mes clients sur leur propre communication et de les former pour qu’ils soient autonomes. Partager mon expertise technique et avoir une approche pédagogique pour qu’ils sachent évoluer seuls étaient essentiel.
Passer de la fonction publique à l’entrepreneuriat n’a pas du être simple !
Non, je travaillais plus de 70 heures par semaine mais entre les frais de fonctionnement, les serveurs, les assurances professionnelles, la trésorerie commençait à baisser malgré un chiffre d’affaires non négligeable.
Ma solution a été d’intégrer une coopérative. Je ne connaissais pas le fonctionnement avant : il s’agit d’un groupement d’entreprises et d’activités qui nous permet d’entreprendre tout en ayant un statut d’ entrepreneur salarié.
Tes conclusions sur ton choix ?
Je ne regrette pas mais avant de s’engager, il faut être bien conscient qu’il ne s’agit pas d’un long fleuve tranquille ! Il faut la personnalité pour, avoir 36 casquettes et une grosse capacité de travail sans oublier les lourdeurs administratives quotidiennes.
Je parle de mon quotidien pour que les gens comprennent : quand on est entrepreneur on est sur une autre planète et dans une autre dimension.
Je prétends créer de la richesse, quand je vois ce que j’ai apporté en TVA, j’en suis sûre ! Pourtant, je vois qu’autour de moi, des artisans ne tiennent pas le choc. On ne reconnaît pas la valeur ajoutée de ce nouveau prolétariat.
Mon discours voudrait être plein d’espoir… mais il y a toujours une pointe de désespoir même si je ne suis pas résignée !
Qu’est ce qui t’a aidé à aller de l’avant ?
Je suis une passionnée et je travaille par conviction.
Maintenant parlons de ton autre activité : juste une impression (ou a tous adoré !)
www.juste-une-impression.com
Graphiste, je m’amusais à personnaliser mon intérieur et j’ai voulu creuser l’idée. Le public aime avoir des éléments personnalisés chez lui. J’ai pensé aux interrupteurs qui étaient des supports non exploités. Avec un imprimeur local, nous avons fait tous les tests et avons obtenu un résultat bluffant d’impression dans la matière.
On peut s’amuser à faire des œuvres d’art sur un objet pas sexy à la base !
L’ancrage territorial semble important à tes yeux ?
Oui, le made in Nord et le made in France ! Il ne s’agit pas d’un combat politique mais je suis dans l’authenticité et j’ai envie de partager notre savoir-faire local et notre capacité à innover.
Un livre à conseiller ?
Philippe Bloch : Tout Va Mal… Je Vais Bien !
Il s’agit d’un livre sur la positivité mais qui n’est pas dans le déni d’une réalité difficile.
Une citation ?
J’ai choisi d’entreprendre.
Personnellement je refuse de perdre le sourire et la pêche !
Si vous souhaitez soutenir le projet de Véronique, rendez-vous sur le site de la Fabrique AVIVA