Quels sont les parcours des CHO, « Chief Happiness Officer » ou « responsable du bonheur » ?
Vous êtes nombreux à vous poser la question. Pour tenter d’y répondre nous sommes allés à la rencontre de Sophie, maîtresse de maison – l’équivalent du CHO – chez laboratoires Boiron.
Sophie, peux-tu nous dire quelques mots de ton parcours ?
D’origine lyonnaise, j’ai passé un bac scientifique pour me diriger vers une prépa HEC. Je ne voulais pas faire de la finance ou du marketing ce qui était généralement proposé dans les parcours français. Raison pour laquelle, à 18 ans, je suis partie à l’aventure au Canada où j’ai intégré HEC Montréal.
Nouvelle culture à 6000 kilomètres de chez moi. J’ai beaucoup appris dans l’ouverture à l’autre et la diversité culturelle, peut-être car je suis issue d’un mariage mixte.
Tu as ainsi commencé à travailler en Amérique du Nord ?
J’ai fait mes premiers pas dans la vie active en Amérique du Nord dans le cadre de mon cursus à HEC Montréal puisque la pratique était au cœur du programme. Le but étant de nous permettre d’acquérir des compétences et non uniquement des connaissances.
Une fois diplômée, j’ai rejoint Marseille où j’ai travaillé dans le transport maritime en tant qu’Assistante Import/Assistante Tracking chez deux armateurs. Mais ces postes standardisés ne me correspondaient pas…Il me manquait le sens de mon travail. J’avais besoin d’avoir une vision globale de ce que je faisais et les périmètres d’action n’étaient jamais très larges.
Par exemple, quand les personnes étaient malades dans d’autres services, je proposais d’être formée en plus de mon travail pour les remplacer ! J’ai toujours été très curieuse et j’aime découvrir !
Finalement tu démissionnes ?
Oui, j’ai démissionné et suis rentrée à Lyon sans rien. En réalité, je fais confiance au destin et je crois en ma bonne étoile.
3 semaines après, j’ai trouvé le poste de mes rêves en tant que coordinatrice de l’activité internationale pour une ONG. J’ai toujours été sensible à l’Afrique, je m’investissais pour des causes sur mon temps personnel. L’entité proposait des référentiels de formations (BAC +2 à BAC +5) dans les pays en voie de développement avec une reconnaissance européenne !
Un poste à la croisée entre le commercial, le juridique, le pédagogique. Je travaillais sur le projet de A à Z. En lien avec le monde politique et le monde de l’entreprise, cette mission m’a beaucoup appris : management multiculturel – j’avais des équipes dans certains pays, adaptation à l’interlocuteur – je découvrais le côté politique et institutionnel. Ma plus grande satisfaction était de rencontrer les étudiants qui avaient obtenu un diplôme.
C’est d’ailleurs quelque chose que j’essaie de toujours véhiculer même si je ne travaille plus dans le milieu. Je m’investis dans l’éducation, notamment celle des femmes.
J’ai eu la chance d’aller au parlement européen pour discuter de la politique d’éducation européenne. Mais je fais les choses par passion avec entièreté et il faut que je sois en phase avec l’ensemble de la mission… le côté politique m’a fait déchanter sur certains aspects.
Quelles étaient alors tes aspirations ?
On me disait que je n’avais pas de métier. Mais j’étais polyvalente et j’avais la niaque.
Je voulais travailler en industrie pour découvrir ce monde, je voulais une entreprise à Lyon où l’humain soit au centre. Il fallait que je sois en phase avec la structure.
Comment es-tu devenue Maitresse de maison aux Laboratoires Boiron ?
Et je suis tombée sur un article qui parlait des Laboratoires Boiron et plus particulièrement d’un projet de plateforme logistique aux Olmes (69). J’avais déjà entendu parler de Christian Boiron (ndlr : auteur de « la source du bonheur » aux éditions Albin Michel en 2000). J’ai envoyé une candidature spontanée pour un poste dans mon domaine, la logistique, et, j’ai eu la chance de le rencontrer. On a échangé sur tout et rien et voyant ma personnalité il a évoqué un poste qui lui tenait un cœur et qui était vacant. Il m’a proposé d’être de devenir « Maîtresse de maison ».
Les laboratoires Boiron sont, il me semble, la seule entreprise à utiliser ce terme…
Oui, au début j’étais surprise ! J’ai pensé qu’il s’agissait de faire l’accueil et de tenir la porte aux visiteurs . Pas du tout. Christian Boiron a découvert ce poste au Club Med et il a trouvé cela génial ! Il a décidé de l’adapter dans l’entreprise en 1984. m’a expliqué qu’on le prenait pour un fou, à l’époque, mais que depuis une quinzaine d’année les laboratoires Boiron avaient une maitresse de maison. La mission : que les salariés se sentent bien dans l’entreprise. C’était large mais j’aime les défis ! Une sorte de Madame « Plus », une facilitatrice.
Nous nous sommes mis d’accord sur les conditions. Je n’avais rien à faire les deux semaines suivantes, j’ai proposé de faire 2 semaines d’essai et c’était parti !
Et tu es restée…
Ce que j’ai aimé chez Boiron est le fait qu’on fasse attention à l’humain et qu’on construise autour de l’humain. Qu’on soit la personne X ou Y on ne va pas construire son poste de la même façon : on laisse la créativité des salariés parler et on nous laisse aller dans la direction qui nous semble juste. C’est la personne qui fait le poste et non l’inverse !
Savoir qu’une personne dans l’entreprise fait attention aux autres salariés est génial !
Bien sur, c’est en phase avec ce que Christian Boiron prône depuis plus de 40 ans. C’est d’ailleurs ce qui a surement fait le succès de l’entreprise. Un salarié épanoui est un salarié performant, il le dit lui-même.
Que penses-tu des formations CHO ?
Je pense difficile de donner un mode d’emploi clair avec une formation théorique. L’environnement et l’entreprise évoluent, de fait je ne crois pas à la formation de CHO. il est plutôt question de personnalité et d’expériences diverses plutôt que de formation.
Dans certaines petites sociétés, généralement proches de la philosophie de startup : le CHO s’occupera de mettre en place des babyfoots, des cours des yoga, des voyages, ou des activités sportives ou des playstations dans les salles de repos. Pour nous, grands groupes, ce sont les CE qui font tout cela.
Merci Sophie !
Psst ! Il ne s’agit là que de la première partie de l’interview ! Pour lire la suite, il vous faudra patienter encore un peu.
Sophie nous donnera notamment son point de vu sur le rôle d’un CHO au sein d’un grand groupe.
A suivre…
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