Retrouvez le plaisir d’apprendre avec Michèle Temam

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Michèle Temam est neuro-radiologue de formation et passionnée de disciplines artistiques comme la peinture ou la musique. Elle est l’auteure du livre « Savoir par cœur sans apprendre par cœur » (éd. Odile Jacob), une méthode issue de trente ans d’expérience et de passion pour la transmission du savoir et qui dévoile le fonctionnement de notre cerveau tout en donnant des idées pratiques pour renouer avec l’envie et le plaisir d’apprendre.

Nous tenions à vous la faire découvrir car nous sommes tous amenés dans nos vies à apprendre et à mémoriser de nouvelles informations. Le message central de Michèle Temam, profonde optimiste: « J’éprouve beaucoup d’empathie pour ceux qui n’aiment pas étudier. J’ai envie de leur dire qu’ils ont bien plus de capacités qu’ils ne croient. »

Voici quelques réflexions, issues de son ouvrage et de son parcours, pour que « apprendre » soit synonyme de joie.

Comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser à l’apprentissage et à la transmission du savoir sur votre long parcours ? 

Comme tous les enfants qui prennent des cours de piano, j’ai compris très jeune que tous les professeurs n’enseignent  pas avec le même talent. L’un d’eux m’a fait découvrir vers l’âge de 10 ans, l’état de flow que peut engendrer la pratique d’une activité que l’on apprécie.

Les études de médecine m’ont nécessairement conduite à améliorer ma méthode pour m’approprier l’immense quantité d’informations, tout en me laissant le temps de pratiquer la musique.

J’ai accompagné mes quatre filles tout au long de leur scolarité,  mais je suis venue en aide à beaucoup de jeunes de mon entourage, souvent dans l’urgence, essayant parfois de lutter contre leur réticence, et dans des disciplines que je ne maitrisais pas nécessairement.

C’est grâce à l’observation que j’ai progressivement mis au point des techniques que j’ai fini par codifier dans un guide, édité chez Odile Jacob, intitulé « Savoir par cœur sans apprendre par cœur ». Son titre met en évidence l’idée qu’on peut apprendre autrement qu’en rabâchant mais cet ouvrage véhicule l’idée du plaisir nécessaire à l’apprenant.

Quels sont les 3 conseils principaux que vous donneriez à un « apprenant » pour renouer avec l’amour de l’apprentissage ?

Pour moi, apprendre à apprendre va de pair avec aimer apprendre.

Il est difficile d’apprendre ce qu’on n’aime pas. Que faire lorsqu’on n’éprouve pas a priori d’attirance pour une discipline ? Parmi les nombreuses techniques que je propose, essayons d’en sélectionner trois.

Une fois qu’on est devenu expert dans un domaine, on aime compléter sa formation. Il faut donc une méthode qui permette de devenir expert rapidement. Je propose de se jeter à l’eau et lire vite, sans essayer de mémoriser, pour lutter contre ce que j’appelle « la phobie du non –savoir ». La lecture rapide est une technique essentielle. Dès la deuxième lecture, le sujet n’est plus inconnu et cette peur a disparu.

Puis une méthode active facilite la mémorisation, grâce à des lectures tissées, c’est-à-dire des lectures qui empruntent des trajets autres que celui proposé dans la présentation, en cherchant des prétextes pour rebondir d’une information à une autre. L’utilisation des QCM à livre ouvert est un des moyens pour attaquer le sujet sous plusieurs angles, en douceur, sans l’appréhension de l’erreur puisque le livre est ouvert.

Avoir en tête l’état dans lequel on se trouve quand on effectue son activité favorite, qu’elle soit sportive, artistique, ou même ludique comme la pratique des jeux vidéos. Car la méthode que je propose peut amener ce flow, avec disparition de la notion de temps et impression de sérénité.

Vous y évoquez aussi la « pédagogie inversée ». Pouvez-vous nous en dire plus et nous en expliquer les avantages ?

Comme disait le célèbre pédagogue Joseph Jacotot la meilleure façon d’apprendre c’est d’enseigner. De même le psychanalyste Lacan affirmait que « l’enseignant n’enseigne que lui-même ». Je propose donc d’inverser les rôles et de devenir le maitre de son enseignant.

Quand l’élève comprend, c’est que le professeur a bien expliqué. Je propose de donner à l’apprenant un temps imparti relativement bref, qui le forcera à présenter les points clés, à se débarrasser des détails superflus et à prendre de la distance avec son sujet.

Cette pratique permet de mettre l’apprenant en confiance pour continuer à apprendre et pour se préparer à la restitution dans les meilleures conditions mentales possibles. C’est également un  bon moyen pour s’initier ou se perfectionner à la prise de parole en public.

Souvent, nos lecteurs nous font part des difficultés de leurs enfants à s’adapter aux modes « traditionnels » de la transmission du savoir en développant une peur de l’apprentissage. Quelles sont les pistes pour alléger la « phobie du non-savoir » ainsi que la peur d’apprendre ?

Ici on parle des parents, et pour moi, leur rôle est primordial dans le parcours scolaire des enfants. L’éducation nationale les a souvent mis à l’écart, mais de plus en plus on leur demande d’intervenir, et particulièrement depuis la pandémie et la déscolarisation en période de confinement.

Certains parents sont un peu intrusifs, et veulent imposer leur aide. D’autres au contraire, restent à l’écart, et sous-estiment leurs capacités. Plutôt que faire travailler les enfants, je les incite à devenir leurs élèves, ou à dialoguer comme le faisait Socrate, c’est ce que j’appelle le dialogue socratique.

Par ailleurs la neuro-éducation nous enseigne que l’enfant a peur de l’échec. Il faut donc favoriser la récompense, par exemple avec les QCM à livre ouvert.

Enfin, expliquer à un enfant comment fonctionne son cerveau, sa mémoire s’avère très utile. C’est un peu comme connaître le mode d’emploi d’un logiciel pour en tirer le meilleur usage.

Comment nos émotions influent-elles sur notre apprentissage ? 

Proust avait évoqué la relation entre les émotions et la mémoire, ou plutôt la relation entre les odeurs, les émotions et la mémoire avec sa madeleine.

Or l’apprentissage repose beaucoup sur la mémoire.

La neuro-anatomie nous enseigne la proximité par le circuit de la mémoire, le centre des émotions et l’aire de l’olfaction. venant confirmer le constat de Proust. En réalité, il s’agit de la mémoire épisodique, c’est à dire celle qui concerne notre vie propre. Mais cette dernière est largement associée à la mémoire sémantique, celle qui concerne les informations générales communes à tous les individus. Par transitivité, les émotions influent sur l’apprentissage.

Tout le monde a conscience que l’émotion influe la restitution des informations : le stress est parfois même handicapant.

Au contraire, stimuler la récompense est une bonne source de motivation. Enfin l’enthousiasme est communicatif.

S’il n’y avait qu’un message à retenir à la lecture de votre livre pour renouer avec le désir d’apprendre, quel serait-il ?

Je me suis intéressée à votre concept parce que je trouve que ma méthode apporte beaucoup d’optimisme.

Rien n’est impossible pour celui qui croit en ses capacités. Il faut y croire. Mais l’utilisation de la méthode que je propose peut aider les plus réticents.

Etre persuadé qu’on peut apprendre dans le plaisir rend le travail moins contraignant et j’espère que cette méthode peut amener à aimer s’instruire. Or nous passons la plus grande partie de notre existence à travailler, alors autant que ce soit agréable.

Dernier message pour les lycéens et les parents qui sont effrayés par l’orientation : apprendre dans un domaine peut être utile pour toute sa vie, et rend capable de rebondir. Ainsi le destin de nos jeunes n’est pas figé après le choix d’une filière.

Pour en savoir plus sur Michèle Temam

Son site: ICI
Sa page Facebook.
Contacter Michèle Temam: michele.temam.coach@gmail.com

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