Le temps d’attendre mon prochain rendez-vous, j’ai une demi-heure pour rédiger un article… Laila Hamdouni ayant hier lancé le sujet hier en commençant à alerter, j’ouvre le sujet délicat de l’influence et de ce qu’on ne voit pas forcément…
L’influence-divertissement
Toi qui me lis, tu te tiens sûrement éloigné des comptes Instagram des marseillais / chtis et autres influenceurs en maillots de bain. Tu te dis que le contenu de ces comptes est bien pauvre et pas franchement ta « came ». Pour ma part, je n’ai pas le choix pour comprendre la société qui bouge. Plusieurs fois par semaine je parcours les posts de ces influenceuses/eurs suivis chacun par plus d’un million de personnes. Si le contenu est souvent pauvre, l’enseignement est riche !
« J’ai fait une bonne douche, j’ai fait un bon shampoing, ça fait troooop du bien, j’aime trooooop avoir les cheveux propres ».
Voilà la teneur de ce qu’il se passe là-bas. Au fond, je sais pourquoi tu économises ton temps en te détournant de ce monde. Mais c’est un français sur 60 et peut-être tes enfants qui suivent ces histoires de shampoing.
Je dois t’avouer qu’en cas de doutes, regarder ce contenu redonne du sens à ce que tu fais toi-même au quotidien… mais cela m’affole. Cela m’affole quand cette influenceuse (dont j’ai rencontré l’entourage) se filme à 21 ans allant se faire rétrécir le ventre et faire des injections dans les lèvres par un chirurgien (déjà plusieurs opérations à son actif). Pire, quand quelques publications plus tard elle propose un post sponsorisé de « bonbons pour maigrir ». Et que cela marche…
Comment est-ce possible ? Notre société manque-t-elle tant de discernement ? Elle vient de dire qu’elle se faisait chirurgicalement aplatir le ventre !!
L’influence-produit
Je dois aussi te l’avouer, j’ai moi-même des copains dont le seul métier est d’être « influenceur » sur Instagram / YouTube / etc. Et ils sont très très loin de l’image qu’ils envoient sur les réseaux sociaux, lieu virtuel où ils/elles chantent sous la douche, dansent, font du running, bref divertissent leur audience.
Quand je leur demande pourquoi ils ne parlent pas de vrais sujets sur Instagram « Ça engage moins ma communauté, les gens n’ont pas envie de réfléchir, et comme je dois rendre des comptes aux annonceurs…»
Alors ils continuent à jouer les débiles sur les réseaux, ils enlèvent même le haut car ils ont compris qu’en montrant leur torse, cela marche mieux. Suivis par quelques centaines milliers de personnes, on les paye grassement pour faire des placements de produits. Plusieurs milliers d’euros chaque fois. Au fond, ça leur va jusqu’à ce qu’une nouvelle idée viennent les titiller.
Lancer eux-mêmes leur produit. Fringue, beauté, déco, peu importe. Des produits souvent achetés en « marque blanche », vendus plus cher que les autres grâce à un beau story-telling.
Et encore une fois d’en appeler au discernement ! « J’ai développé une super formule sans produits toxiques / bio/ etc etc… » A 21, 22 ou 25 ans alors que tu sors d’école de marketing ? Sachant le temps de recherche que cela demande pour évaluer les risques cliniques d’un produit qu’on met sur la peau ? Idem pour des gammes de nourriture, etc… Mais ça marche, personne ne s’interroge. Le marketing est bon et affuté. Le personnage mignon ou mignonne et tourne en boucle sur les plateaux TV.
Influence et média
Car oui, on en est bien là. Les influenceurs servent l’audience des médias, surtout des médias à base de vidéos buzz. Je parlais récemment avec une attachée de presse qui me disait que certains youtubeurs refusaient même les JT « mais c’est moi qui donnerait de l’audience au journal » mais daignent parfois aller au JT de TF1 « parce que Mamie regarde ».
Et voilà que l’influence créé de nos jours les meilleurs lancements de produits…
Nul jugement de ma part, mais une interrogation. Nous vivons dans une ère dans laquelle des marques s’engageant depuis des années peinent à montrer leurs engagements. Un réel déficit de confiance s’est créé avec le consommateur. Et on croit plus volontiers un petit jeune qu’une grande marque qui vend le même produit (souvent moins cher d’ailleurs). Ce n’est pas mieux ou moins bien, c’est différent.
Cependant je m’attriste. De tous ceux que je rencontre qui ne savent pas utiliser les réseaux sociaux et qui pourtant ont des projets de dingue… C’est d’ailleurs un peu un combat militant pour moi que de mettre les petits en avant. Mais aussi d’appeler au discernement.
Tu vas me dire que je ne suis pas très optimiste ? En réalité, je le suis car je vois de plus en plus émerger de l’influence « intelligente ».
Le leader d’opinion
C’est toute la différence entre influenceur et leader d’opinion.
Mettre des vidéos sympathiques pour faire grossir les statistiques, générer de l’émotion pour susciter l’empathie ou être cash pour générer de la bagarre, au fond c’est facile. Tout le monde peut le faire.
Mais on commence à voir émerger des leaders d’opinion, ceux qui proposent des idées sur un domaine précis, qui invitent à l’échange constructif. Ils ont un premier métier : sont professionnels de la santé, RH, prof… Pas spécialement télégénique, ils ne font pas des millions de vues avec une vidéo mais on les écoute pour leur prise de parole et on les relaie. Ils font entendre leur voix dans la santé, l’environnement, l’éducation…
Et je suis convaincue que ce sont eux qui vont progressivement faire basculer notre société vers plus de responsabilité, plus d’inclusion, plus de vivre-ensemble.
Aujourd’hui, il n’est plus l’heure de juger l’influence ou de l’ignorer mais de la sublimer. Elle aussi peut être constructive.
C’est d’ailleurs un des sujets que nous aborderons lors de notre prochain VISION SUMMIT le 20 mars avec un spécialiste de la prospective de l’influence qui n’a pas sa langue dans la poche. Parce que pour construire la société et l’entreprise de demain, il faut la comprendre… Pensez à vous inscrire ou à inviter vos collègues à s’inscrire (j’anime les sessions, cela sera sans filtre 😉 )
D’ici là, vous y aviez pensé ? Que cela vous évoque-t’il ? A vos remarques !
A très vite, merci pour vos commentaires, likes et partages…
Catherine
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