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Marie, le parcours d’une hypersensible candidate à The Voice

Crédit : Christel Vidal

Marie fait partie de ces personnalités qui osent sortir de leur zone de confort. Zèbre hypersensible, elle s’est lancée dans l’aventure The Voice. Elle nous raconte son parcours. 

Marie, peux-tu te présenter en quelques mots ? 

J’ai 26 ans et je suis Toulousaine . Enfant de la balle, j’ai commencé à chanter à l’âge de trois ans avant de prendre des cours de chants. Adolescente, j’étais une habituée des concours de chant : j’ai toujours eu la ferme intention d’en faire mon métier. 

J’aime beaucoup le théâtre sous toutes ses formes et j’aime la vie !

Tu as été candidate dans l’émission « The Voice » et tu vas passer les KO, peux-tu nous raconter comment t’es venue l’idée de t’inscrire à l’émission ?

Je poste des vidéos sur mes réseaux sociaux depuis deux ans : c’est l’équipe du casting qui m’a contactée. J’étais dans une période de remise en question sur mes choix professionnels, et j’ai saisi l’occasion car cette émission peut être un bon tremplin. 

Tu fais partie des « atypiques » à savoir : zèbre hypersensible, depuis quand te sens-tu « différente » ? 

Je me sens en décalage depuis toute petite. J’étais une enfant pleine d’énergie, qui chantait à tue-tête, qui posait des questions sur le pourquoi du comment en permanence, qui avait peur de tout, tantôt isolée, ou au contact des autres, très émotive avec une  » mémoire d’éléphant « , avec des détails, des souvenirs qui tournaient en boucle dans ma tête, » un clown », un « caliméro »… Ceci a pu être lourd et questionnant pour mon entourage. 

En grandissant, les gens soulignaient toujours cette différence, parfois avec malveillance : « Elle n’est pas normale « , « elle est folle « ,  » elle en fait trop  » et j’ai toujours souffert de ces critiques et de leurs regards.  Heureusement qu’il y avait d’autres personnes qui m’aimaient et qui me considéraient, sans me juger. Juste avant de perdre ma maman en 2016, un collègue de travail m’a dit, » renseigne-toi tu es sûrement comme moi : un zèbre, hypersensible, hypermnésie ».

J’ai découvert véritablement cela juste après son décès et j’ai commencé mon travail pour  » mieux vivre ma vie  » deux ans après. Cela a été une délivrance.

Se mettre en situation de vulnérabilité en affrontant le regard des autres est souvent compliqué pour un hypersensible, comment vis-tu l’aventure ?

Je ne sais pas si je peux parler de vulnérabilité dans ce cas, car j’ai fait le choix de cette exposition. J’apprends beaucoup vocalement et musicalement, j’en suis ravie ! 

Ce qui est par contre formateur dans cette aventure c’est de pouvoir progresser sur l’importance que je donne à la critique lorsqu’elle est malveillante, et pouvoir assumer pleinement ma différence. 

Dès les premiers castings, j’ai fait un travail sur le fait de devoir me concentrer uniquement sur mes prestations, pour ne pas me faire absorber par mes démons comme de penser que les autres sont meilleurs que moi, surtout vu le niveau très élevé des participants cette année. Je réalise que je peux être comme eux, et je souhaite vivre cette aventure parmi eux. Heureusement nous sommes dans une sphère bienveillante et il y a une superbe entente entre les candidats.

Paradoxalement, même si chanter est mon métier, cette aventure me permet de prendre plus confiance en moi et me permet de pouvoir saisir « ma chance ».

Les hypersensibles peuvent être sujet aux crises d’angoisse, qui sont souvent confondues avec un caprice aux yeux de ceux qui ne connaissent pas, cela peut-il t’arriver ?

Si vous avez vu mon premier passage aux auditions à l’aveugle, vous avez pu voir que la production a choisi de montrer mon hésitation à monter sur scène et « passer l’obstacle ». Il s’agit ici d’une véritable crise d’angoisse. J’ai des difficultés de concentration depuis que je suis petite et le fait d’être autant entourée, filmée, sollicitée de toute part m’a complètement déstabilisée sur le moment. J’ai de plus pris le fait de passer en première position comme une réelle responsabilité qu’on me donnait, et pendant un instant je ne m’en suis pas sentie capable.

On voit que j’essaye de m’auto-rassurer, mais une fois derrière la grille je me prends une claque, un choc :  j’ai vu la même image que lorsque je regardais l’émission à la télévision. J’avais un micro dans ma main, et je n’étais pas confortablement installée sur mon canapé.

Aux répétions on était dans le noir, on devinait à peine le plateau et il m’impressionnait déjà. Alors, lorsque j’ai vraiment vu le plateau de tournage, les éclairages, l’absence de public, que j’ai entendu les voix des coachs qui discutaient. Lorsque j’ai entendu le signal « top, début d’émission, ça commence » j’ai été prise d’une panique totale. Comme une mise à nu, la peur de ne pas plaire, d’être jugée, j’avais peur que le « trac » prenne le dessus sur ma prestation, peur de tomber, de m’évanouir, et de faire une mauvaise prestation. Un genre scénario catastrophe qui n’arrive jamais mais qui résonne dans ma tête.

Lorsque j’ai dit :  » Excusez-moi, je ne le sens pas, j’ai très peur « , je voulais juste souffler un instant et surtout me concentrer toute seule pour me canaliser comme je le fais habituellement avant de monter sur scène. J’étais mal à l’aise d’être dans cet état et d’avoir cette attitude devant toute l’équipe. Rien ne m’était familier, et j’ai dû redoubler d’effort. La seule chose que j’avais en tête était de chanter, et de reprendre au plus vite une attitude digne. Pascal Guix le directeur est alors venu me voir et a trouvé les mots justes en disant :  » Tu es ma partenaire ou pas ? « 

Cette phrase m’a vraiment propulsée, il m’était impossible de trahir un contrat de confiance. Ça m’a beaucoup touchée, et lorsque la musique a commencé, j’ai lâché prise. Je me suis lancée tel un taureau dans une arène. 

Quels conseils donnerais-tu à tous les artistes qui souhaitent se lancer mais qui ont peur du regard des autres ?

Je me permettrais de dire que le plus important est de croire en ce que l’on aime : notre passion. Dans la musique tout le monde a un avis et donc un esprit critique et je pense que cela nous demande plus de travail que les autres pour l’accepter et bien le vivre. 

La peur du regard des autres et l’anxiété qui en découle ont souvent été castratrices pour des auditions, des prestations ou des examens dans ma scolarité. Par contre, l’amour que je porte à mon travail, à la musique, au chant a pu être une force incroyable pour me faire tenir debout en toutes circonstances. C’est, pour moi, l’essentiel. 

Pour revoir le passage de Marie aux auditions à l’aveugle, c’est ici : 

Pour en savoir plus sur Marie et suivre la suite de son aventure, c’est ici :

 

 

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