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CETTE PENSÉE EN ARBORESCENCE si pénible pour mes collègues…

Cher lecteur,

J’avais dit que cet été j’aborderai des thématiques personnelles, souvent liées aux zèbres en lien avec l’environnement de l’entreprise. L’avantage des activités manuelles – je repeins présentement la future réserve de l’Optimisme – c’est qu’elles permettent à mon cerveau de s’en donner à cœur joie. Aujourd’hui je me suis interrogée : qu’est ce qui, dans ma composition de caractère, doit être le plus pénible pour mes équipes et globalement pour tous ceux avec qui j’ai un jour travaillé ?

Je crois que la pensée en arborescence en fait partie.

La pensée en arborescence : de quoi s’agit-il ?

Concrètement, mes pensées se développement dans plusieurs directions en même temps. Pour donner une analogie, j’ai l’impression que l’intérieur de ma tête ressemble à un réseau de neurones : dès qu’on évoque un sujet (=un point) cela entre en résonance avec d’autres points et les faits clignoter. De fait, quand on me parle d’une thématique, je vais automatiquement la relier à d’autres qui en apparence n’ont rien à voir.

Cette « pensée systémique » est difficile à canaliser et peut-être handicapante au quotidien pour plusieurs raisons, pour moi, mais surtout pour ceux avec qui je travaille.

Des problèmes

1/ Pour m’exprimer

Cela va peut-être faire sourire venant d’une personne passant sa vie en conférences ou intervenant en radio. En réalité mon cerveau va plus vite que mes mots. J’essaie d’exprimer ce qu’il se passe dans ma tête, mais je me sens toujours limitée et régulièrement frustrée de ne pas réussir à exprimer correctement dans le bon ordre ce que j’aimerais dire. Très souvent, partant dans des dissertations, je perds le fil « au fait, quelle était la question ?? »…

2/ Pour répondre clairement à une question

Nous vivons à l’ère de la vitesse, il faut des réponses rapides, claires et nettes, si on peut répondre par « oui » ou par « non » c’est mieux. Sauf que m’astreindre à des raccourcis me perturbe fortement. Combien de fois ai-je répondu à des journalistes sur les questions liées à la qualité de vie au travail en les perdant littéralement ? Parce que le sujet n’est pas celui de la QVT mais celui beaucoup plus global d’une société malade. Après une heure au téléphone, le journaliste de conclure « c’était vraiment intéressant mais je ne sais pas comment je peux exploiter ça », ah oui, c’est sur en 500 mots, cela sera compliqué !

3/ Pour répondre tout court

Parce que dans mon cerveau, rien n’est binaire. Chaque jour je me rends compte combien mon apprentissage d’aujourd’hui vient contredire mes certitudes d’hier.

Quand je donne un avis sur un sujet, j’évoque – généralement immédiatement après – un élément qui vient contredire ce que je viens de dire. Ou comment perdre son interlocuteur en 2 minutes…

4/ Pour répondre vraiment à la question

Il n’est pas rare que mon cerveau vivant sa vie -souvent indépendamment de mon vouloir-, je réponde littéralement à côté de la plaque. Parce que je suis passée à un sous-sujet de la question ou à une des conséquences possibles et j’ai sauté des étapes. Cela donne souvent l’apparence d’un « à côté de la plaque ». Pénible.

5/ Pour gérer mon temps

Forcément, tous les sujets étant liés, je passe ma vie à faire des recherches à 360° : je ne peux pas m’en empêcher, j’ai une soif d’apprendre. J’ai en permanence 100 onglets Internet ouverts dans mon navigateur et 100 livres en cours de lecture : de la botanique à la physique quantique en passant par la relation entre le corps et l’esprit ou des essais économiques. Lire prend du temps, tout comme échanger. Quand je rencontre de nouveaux interlocuteurs : mes rendez-vous ne sont pas chronométrés et heureusement, ils durent souvent plusieurs heures mais si on veut répondre à la question posée en début de rendez-vous, je n’ai pas le choix. Le temps est un vrai sujet dans mon quotidien.

6/ Faire court

Pour preuve la longueur de mes articles ou encore le nombre de parenthèses et de sujets sans rapport apparent avec le monde du travail évoqués dans mon deuxième livre… Je crois en la curiosité et j’aime inviter l’autre à se questionner sans donner de réponse (surtout que j’en ai peu !). Autant dire quand l’équipe vient chercher auprès de moi une réponse, elle repart généralement avec 3 nouvelles questions et 1 heure de perdure…. Je comprends que cela puisse être compliqué.

Gérer cette composante 

Bien sûr, tu dois te dire en me lisant que je pourrais faire des efforts pour être plus synthétique ou répondre de façon plus courte. Pourtant je t’assure que je peux faire tous les efforts du monde, je ne serai jamais douée en pensée « convergente », c’est-à-dire qui suit un ordre logique et linéaire. Compulsivement mon cerveau génère des milliers de pensées quand on me parle, en dehors de quelques état méditatifs lors desquels j’ai appris à couper.

Comment faire alors quand le monde de l’entreprise est souvent basé sur du linéaire ? Comme pour tout, il existe des métiers qui s’adaptent à ces travers. Ceux liés à de la prospective ou à l’innovation me permettent probablement de mieux m’épanouir que ceux liés simplement à des chiffres (d’autant que je suis dyslexique avec les chiffres).

En écrivant cet article et en mettant en avant ces vulnérabilités, j’espère que vous serez sensible si prochainement dans votre entourage vous relevez ce genre de composantes : pour les comprendre au lieu de vous en agacer car il est probable que celui qui les vit n’y puisse pas grand-chose…

Et si vous aussi, vous pensez dans tous les sens : oser le dire pour expliquer à l’autre -que ce soit votre collègue, votre équipe ou votre boss- que non ce n’est pas que vous êtes dans la lune ou « relou » à toujours soulever des questions ou parler de sujets qui n’ont rien à voir. C’est que pour vous, cela avance le sujet.

ce que je dis

En réalité, je suis convaincue que plus on se tait, plus on s’éteint. Combien de fois avons-nous gardé dans notre cerveau bien des sujets pour nous adapter et éviter des débats ?

Dernier point car j’aime bien me contredire : si je parle ici de « pensées en arborescence des zèbres » en réalité elle n’existerait pas. Il s’agirait simplement d’une pensée divergente (en opposition à la pensée convergente) et elle ne serait pas simplement liée à un côté zèbre, ce mode de pensée étant aussi celui de bien des créatifs ! Mais cela allait dans ma série de l’été sur le sujet.

Merci pour tous vos témoignages et commentaires ! Qu’ajouteriez-vous à la liste ?

A la semaine prochaine, la peinture m’attend !

Catherine

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