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Le témoignage plein d’espoir de Baptiste pour surmonter l’alcoolisme

Le parcours de Baptiste Mulliez a beaucoup touché l’équipe. L’alcoolisme est un sujet que nous avons peu abordé sur notre site. Est-ce parce qu’il est encore tabou ? A la lecture de son mail, nous ne pouvions que vous présenter ce témoignage de résilience face à la maladie. Baptiste est le co-auteur du livre « D’avoir trop trinqué ma vie s’est arrêtée« , une littothérapie qui l’aide dans son sevrage.
Baptiste est aujourd’hui Patient Expert et intervient auprès de ceux qui vivent une épreuve similaire pour leur donner force et espoir. Rencontre.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Baptiste, j’ai 30 ans et je suis l’ainé d’une fratrie de cinq garçons dont un jumeau. Dès l’âge de 15 ans, j’ai noyé mes regrets et mes souffrances inavouées dans l’alcool. Pendant près de 10 ans, j’ai sombré dans l’alcoolisme. La bouteille est devenue mon bouclier, mon refuge, mon maître. Jusqu’à mes 24 ans, un mémorable 31 Mars 2015. J’ai enfin accepté ma maladie, j’ai enfin accepté de l’aide.
J’ai co-écrit un livre avec Judith Lossmann dans le cadre d’une Littérothérapie pour transmettre mes expériences et aider d’autres malades alcooliques. Je suis également Patient Expert. J’accompagne des personnes souffrant d’addiction vers un meilleur équilibre de leur vie.

Tu te présentes comme un « hypersensible qui s’ignorait ». Quel rôle cette hypersensibilité a-t-elle joué sur ton parcours ?

Je ne savais que faire de mes richesses intérieures, de mes désirs, de ma nature hypersensible trop embarrassante. Je m’épuisais à vivre au travers des désirs des autres. Je sentais, je ressentais mais cela allait à l’encontre de mon éducation où il fallait être fort, solide, un vrai mec ! J’ai préféré faire taire ces émotions dans l’alcool pour me donner du courage, oubliant qui j’étais véritablement. Mon incapacité à accepter mes sentiments et la peur de me confronter à cette hypersensibilité a grandement contribué à ma chute alcoolique.

Avec humour, tu dis : « une invitée surprise s’est invitée : la bouteille d’alcool ! » Que souhaiterais-tu dire à propos de cette addiction ?  

L’alcool est une maladie progressive et sournoise. Elle promet des shoots d’adrénaline intenses, de la liberté, du positif. Mais sur le long terme, elle garantit la perdition.
Je buvais pour être heureux, je suis devenu dépressif. Je buvais pour profiter de la vie, j’ai eu droit à la souffrance. Je buvais pour avoir des amis, j’ai été isolé. Je buvais pour dormir, je me réveillais épuisé. Je buvais pour me donner des forces, je ne me suis jamais senti aussi fragile. Je buvais pour me détendre, j’ai eu droit à des tremblements. Je buvais pour avoir confiance en moi, j’ai perdu toute estime de moi. Je buvais pour vivre intensément, je ne me souvenais de rien.

A l’âge de 24 ans, il y a un tournant dans ta vie. Tu décides de partir en quête de toi-même. Quel est l’évènement déclencheur ? Quelles démarches mets-tu en place pour t’en sortir ?

Les drames ont rythmé ma vie de jeune adulte, jusqu’à ne plus vouloir vivre, préférant boire jusqu’au prochain blackout. La Providence en a décidé autrement quand Maman s’est assise au bout de mon lit et m’a demandé si j’avais songé aux Alcooliques Anonymes. C’était le 31 mars 2015. J’avais 24 ans. Dans la sobriété, je suis parti à la quête de moi-même avec beaucoup de patience et de douceur envers moi-même. C’est déroutant d’apprendre à se connaître aussi tard. Mais jamais je n’y serai arrivé seul. Bien s’entourer, c’est une des clés pour sortir de l’addiction. J’avais mes séances de thérapie, j’assistais à des groupes de parole et j’ai renoué des relations saines avec des personnes aimantes, bienveillantes, empathiques. L’amour m’a sauvé. Renouer avec des liens sains m’a sorti de l’isolement. Aujourd’hui je suis rempli de gratitude pour chaque nouvelle journée sans alcool !

Tu as fait une littérothérapie en co-écrivant ton premier témoignage : « D’avoir trop trinqué ma vie s’est arrêtée ». Qu’est-ce que la littérothérapie ? Que t’a-t-elle permis de guérir en toi ?

Devenu sobre, au prix d’efforts insensés, je voulais aider à mon tour, exprimer les choses. Je voulais être la personne que j’aurais aimé croiser quand j’étais au plus mal et dire au plus grand nombre que nous ne sommes pas seuls. Pour moi cet engagement relevait de l’utilité publique. J’étais prêt à aller au fond des choses, à ne rien occulter, à parler de ma reconstruction et des rechutes liées à un socle instable de la sobriété. Et puis j’ai rencontré Judith Lossmann. Un cadeau de la vie ! Non seulement elle a adhéré mais elle a fait exploser ce projet de livre dans d’autres dimensions : psychanalytique, testimonial, curative. Grâce à Judith, j’ai grandi, je me suis affirmé, découvert. Aujourd’hui je m’accepte, sans artifices.

Tu es également devenu « patient expert ». Peux-tu nous en dire plus ? 

Le Patient Expert est une personne atteinte d’une maladie qui a développé, au fil du temps, une connaissance fine de celle-ci et a appris à vivre avec. Son expérience associée à sa formation lui donnent également la capacité d’accompagner d’autres personnes atteintes de la même maladie. J’interviens par exemple à l’hôpital Bichat où j’utilise mon vécu pour inspirer d’autres à s’en sortir. J’essaye de redonner confiance au malade, je l’écoute, je le valorise, je le rassure. Je suis finalement une passerelle entre l’addict et le corps médical. C’est une magnifique activité qui donne sens à ma vie !

Cela fait bientôt 6 ans que tu es abstinent. Qu’aimerais-tu dire à ceux qui sont confrontés à cette addiction et ne voient pas le bout du tunnel ?

L’alcool isole. Il y a aussi la honte et la culpabilité de l’entourage qui ne sait plus comment aborder le sujet. Les liens sociaux cèdent un à un. Parler, mettre des mots sur les émotions est un immense soulagement. C’est le point de départ de toute reconstruction.

J’ai eu très peur de la reconstruction, j’ai dû faire taire mon orgueil démesuré pour me remettre en question. Je connais bien cette phase douloureuse. 

En revanche, osons nous faire aider, osons sortir du silence ! Ce que nous voulons tous au plus profond de nous, c’est d’améliorer notre qualité de vie. Pour cela, des personnes compétentes vous tendent la main, des structures médicales peuvent vous prendre en charge, des associations, des groupes de parole sont efficaces. Bref il y a, pour chacun, une solution adaptée ! Et je vous assure : la vie est si belle dans le réel !

Quel mantra ou citation positive te booste au quotidien ?

Je m’inspire souvent de cette merveilleuse citation de Jean Céré : « Être soi-même c’est se faire exclure par certaines personnes. Être comme les autres, c’est s’exclure soi-même. »

Pour suivre Baptiste

Site du livre : http://d-avoir-trop-trinque-ma-vie-s-est-arretee.com/

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